Nucléaire : Les Britanniques relancent leur programme de centrales

Publié le 10 janvier 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Des investissements exclusivement privés

Conséquence de la crise de l’énergie : Après un long débat public, le gouvernement de Gordon Brown vient officiellement d’annoncer, la relance de la construction de centrales nucléaires au Royaume-Uni, qui possède le plus vieux parc d'Europe occidentale. Mais ce programme sera assuré par des financements privés. Les investisseurs devraient attendre une dizaine d’années pour en retirer des premiers bénéfices. Le coût du démantèlement, de la construction des nouvelles centrales et de l'élimination des déchets, s’élève à quelque 75 milliards de livres (100 milliards d'euros) selon une première estimation.

Actuellement, les quatorze centrales en activité fournissent 20 % de l'électricité produite, contre 40 % pour les centrales au gaz et 33 % pour celles au charbon. La Grande-Bretagne doit construire 10 000 MW de capacités (18 % de l'électricité consommée) dans les vingt prochaines années pour remplacer les vieilles centrales. Neuf réacteurs doivent être fermés d'ici à 2015. En 2020, faute de construction d'une nouvelle génération de centrales, il ne serait plus resté qu'un site en activité, Sizewell B (comté de Suffolk, sud-est du pays).

Les pouvoirs publics s'engagent à faciliter la délivrance de permis de construire, pénalisée par de longues enquêtes publiques : la construction de la dernière centrale, Sizewell B, a ainsi pris quatorze ans… Pour limiter les protestations des écologistes ou des riverains, les nouveaux réacteurs seront installés sur les sites existants.

A l'heure de l'épuisement des réserves d'hydrocarbures de la mer du Nord et de la fin de trois décennies d'autosuffisance, Londres entend réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe et du pétrole du Proche-Orient. Par ailleurs, la baisse de l'usage du charbon participera à l'ambitieux objectif officiel de diminution des émissions de dioxyde de carbone de 60 % d'ici à 2050.
Logique :

>>> le Livre blanc a provoqué une levée de boucliers de la part des organisations écologistes, qui estiment que les énergies renouvelables, les économies d'énergie et les technologies propres permettraient de mieux faire face aux besoins du pays. Greenpeace affirme qu'au maximum, grâce au nucléaire, les émissions du royaume ne seront diminuées que de 4 % après 2025.

>>> Les organisations de défense des consommateurs redoutent, elles, que les producteurs d'électricité augmentent leurs tarifs, déjà très élevés, pour amortir plus vite leurs dépenses.

>>> Les groupes, qui se partagent le marché de l'électricité, l'un des plus matures au monde, sont intéressés par cette relance : les britanniques British Energy, Centrica et Scottish & Southern Energy ; le français EDF Energy; les allemands E.ON UK et RWEnpower; l'espagnol Iberdrola, qui a racheté Scottish Power. Le français Suez est aussi dans la course. De leur côté, les fabricants de réacteurs (Areva, Toshiba-Westinghouse, General Electric…) s'activent déjà pour vendre l'îlot nucléaire.

Ce marché britannique est d’autant plus important pour les « électriciens » spécialisés dans le nucléaire  que d'autres pays comme l'Allemagne, la Belgique et la Suède, ont des moratoires de sortie du nucléaire ou vont peut-être réduire le nucléaire, comme l’Espagne 

Mais deux hypothèques pèsent sur la réalisation du programme anglais : le coût du CO2 sera-t-il intégré dans l'électricité d'origine thermique ? Quelle sera la gestion des déchets radioactifs ?