L'Exposition Basquiat, conçue par la Fondation Beyeler et déployée au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris jusqu'au 31 janvier 2011, est une authentique rétrospective.
Pour tous ceux qui, comme moi, connaissait mal le travail de l'artiste new-yorkais, le show parisien permet de découvrir les productions les plus emblématiques d'une oeuvre considérable (Basquiat a peint 900 tableaux et réalisé 1250 dessins en 8 ans de "carrière").
L'exposition, découpée au travers des 12 salles du MAMVP, retrace les grandes périodes rythmant la maturation du travail de Basquiat.
Au départ (Salle 1), Basquiat exprime son univers par le graffiti.Il décore avec son ami Al-Diaz les murs du downtown Manhattan de phrases mystérieuses, ésotériques, et pour le moins humoristiques ("SAMO© SAVES IDIOTS"...). Basquiat clôture lui-même cette novella graphique en apposant la phrase "SAMO© IS DEAD".
En février 1981, Basquiat expose ses premières peintures et dessins dans l'exposition "New York / New Wave" (Salle 2) au P.S.1, annexe du MoMA.
Untitled, 1981 (The Eli and Edythe L. Broad Collection, Los Angeles) Photo: Douglas M. Parker Studio, Los Angeles © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010
Untitled, 1981 (Collection Mia et Patrick Demarchelier) © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010
Untitled (Fallen Angel), 1981 (Fondation d'Entreprise Carmignac Gestion) © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010
A travers de multiples expositions et le soutien de galeries (Salles 3 à 6), Basquiat rencontre le succès, affirme son identité de peintre et dispose les multiples marqueurs de son univers : arte povera, détournements warholien d'objets de consommation courante avec notamment son fameux frigo bariolé, couronnes, sigles et symboles, répétition de phrases, typographies et écriture automatique, références à des personnages et événements historiques, culture vaudoue, monstres, squelettes et masques...
Cassius Clay 1982 Acrylique et pastel gras sur toile sur palette de bois, 106 x 104 cm Collection Bischofberger, Suisse © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010 |
Boy and Dog in a Johnnypump,1982 (Courtesy The Brant Foundation, USA) © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010
Untitled,1982 (Collection particulière, courtesy Tony Shafrazi Gallery, New York) © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010
Slave Auction, 1982 (Centre Georges Pompidou Don de la Société des Amis du Musée nationald¿art moderne, 1993) Photo CNAC/ MNAM, Dist. RMN/ Philippe Migeat © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010
Dans la Salle 7, on peut apprécier les dessins de Basquiat, ébauches de peintures ou oeuvres à part entières.
Self-Portrait with Suzanne, 1982 (Courtesy The Brant Foundation, USA) © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010
Untitled, 1982 (Collection particulière) © The Estate of Jean-Michel Basquiat © ADAGP, Paris 2010
La Salle 8 illustre des thèmes plus politiques (Revised Undiscovered Genius of the Mississippi Delta) et la Salle 9 rend compte de l'hommage de l'artiste à de grandes figures du jazz.
La Salle 10 montre le résultat de la collaboration entre Warhol et Basquiat qui s'impose comme l'évident héritier du premier.
Dans la Salle 12, on découvre les dernières oeuvres d'un Basquiat ultra-célèbre, hésitant entre deux extrêmes, espace vide ou saturé, aux inspirations quelques peu morbides, ultimes prémonitions d'une mort imminente.
A l'issue de ce passionnant parcours, on peut se forger une meilleure opinion sur le travail de Basquiat, d'appréhender une oeuvre plus complexe qu'il n'y parait.
Et n'hésitons pas utiliser de grands mots!Au-delà d'une remarquable cohérence stylistique, on découvre les multiples supports physique ou artistiques (peinture, dessin, graffiti, collage, sérigraphie) manipulés par Basquiat.
Basquiat effleure le style d'un Cy Twombly (l'immédiateté, les références historiques, les hiéroglyphes égyptiens) mais il s'en éloigne aussi beaucoup.Son graphisme urbain prône un esthétisme sophistiqué et pulsionnel, combinant formes alambiquées, thématiques multiples, des figures récurrentes, une saturation de l'espace et des couleurs flamboyantes.
Basquiat est à la fois très mainstream dans sa revendication d'un esthétique BD-warholienne et cultive dans le même temps une posture de poète underground, sérieux (à défaut d'être maudit) dans son choix d'explorer des thèmes plus politiques (la série des portraits sur les icônes afro-américaines, l'évocation de l'esclavage...) ou ses dernières oeuvres empreintes de morbidité.
Basquiat
Musée d'art moderne de la Ville de Paris
11 avenue du Président Wilson / Paris XVI
01.53.67.40.00
tous les jours sauf lundi et jours fériés, 10h-18h
nocturne le jeudi jusqu'à 22h
tarifs: 11€ / 8€ / 5,5 €
Du 15 octobre 2010 au 30 janvier 2011
Basquiat : sa vie en 4 œuvres
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