Critiquer sa hiérarchie sur Facebook passible de licenciement
Trois salariés d’une entreprise d’ingénierie de Boulogne-Billancourt ont été licenciés pour avoir dénigré leur hiérarchie sur Facebook. Une décision jugée fondée par le conseil des prud’hommes. La frontière entre vie privée et publique sur les réseaux sociaux se révèle de plus en plus mince.
Le "droit à l’oubli" numérique n’est plus un concept, mais bel et bien une réalité. Trois salariés d’une entreprise d’ingénierie de Boulogne-Billancourt viennent d’en faire l’expérience. Licenciés pour avoir dénigré leur hiérarchie sur Facebook, ils avaient saisi le conseil des prud’hommes. Et celui-ci vient de juger cette décision... fondée.
Connectés depuis leur domicile sur le réseau social un samedi soir, les trois salariés de la société d’ingéniérie Alten avaient échangé des propos critiques envers leur hiérarchie et un responsable des ressources humaines. Un de leurs "amis" sur Facebook ayant accès à leur conversation, avait fait une copie de ces propos, avant de les transmettre à la direction de l’entreprise. Quelques semaines plus tard, ils étaient licenciés pour "incitation à la rébellion" et "dénigrement de l’entreprise".
La semaine dernière plusieurs réseaux sociaux, blogs, moteurs de recherche et associations de protection de l’enfance ont signé une charte les engageant à faciliter la gestion par les internautes de leurs données personnelles, dans le cadre d’un futur "droit à l’oubli" numérique. Objectif : mieux protéger ses données personnelles pour éviter que leur contenu puisse nuire à l’internaute.
Sauf que dans cette affaire, la frontière entre vie privée et publique semble bien mince. La société avait fait valoir qu’elle n’avait pas "violé la vie privée de ses salariés", les propos ayant été échangés "sur un site social ouvert". En revanche, les salariés ont plaidé que l’échange avait un caractère strictement "privé". "C’est la porte ouverte à la délation. Si à l’avenir, on peut être licencié pour des propos tenus sur Facebook, c’est la vie privée qui est menacée", avait dénoncé leur avocat Me Grégory Saint-Michel.
SOURCE: un article de Caroline Caldie pour FranceInfo