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10 1/2 de Daniel Grou (Société, Centre jeunesse fermé du Québec, 2010)

Publié le 19 novembre 2010 par Florian @punkonline

10 1/2 de Daniel Grou (Société, Centre jeunesse fermé du Québec, 2010)Tommy, un garçon perturbé et livré à lui-même, est envoyé dans un centre jeunesse fermé. Il s'agit en quelque sorte d'une prison pour les individus qui n'ont pas atteint l'adolescence. Les mêmes règles sont appliquées que pour une prison de mineurs ou d'adulte : horaires stricts, enfermement individuel dans des chambres fermées à clef, surveillance constante, isoloir en cas de crise... Ils peuvent sortir à l'extérieur de cet endroit seulement en cas de bonne conduite.
Pour un enfant qui arrive dans ce genre de lieu, à plein temps, le début dans la vie est mal engagé. Il aura la possibilité de suivre un cursus, sans doute, adapté à son niveau scolaire (sur ce point, le film reste silencieux). C'est un avantage pour des cas comme celui de Tommy où son environnement familial était totalement néfaste pour lui (on ne connait pas les raisons de la présence des autres enfants) dont ses parents ont un penchant pour l'alcool.
Dans ce centre, l'équipe pédagogique, comprenant les instituteurs et les éducateurs, à un ratio d’une personne pour deux enfants. Cela correspond à une volonté de les surveiller en permanence, puisque les résidents sont impulsifs, mais aussi afin qu'il n'y ait pas de relâchement au niveau du travail de reconstruction de l'enfant. On peut aussi noter la présence de deux "gardes" qui justifie selon moi l'appellation de "prison pour enfant".
Avec ce type de lieu clos, le débat intemporel à propos de l'intérêt de l'enfermement d'un individu est prépondérant. Aujourd'hui il est acquis qu'un individu peu changer, qui plus est, si c'est un enfant. En revanche,  la méthode pour sa "réhabilitation" porte toujours à interrogation. La société a choisi l'enfermement de tous les comportements non tolérés et considérés comme graves afin de les "mater" et qu'ils filent droit à leur sortie. À cela, se sont ajoutés au fil de ces dernières années des programmes de formation en tout genre afin de réinsérer le prisonnier dans la vie active. C'est un peu cette impression que j'ai eue sur la fonction d'un centre de jeunesse fermé. D'abord, il y a eu le premier contact entre Tommy et son éducateur. Ce dernier commence par évoquer le règlement. Le rapport de confiance est alors biaisé, puisque l'enfant sait pertinemment qu'il n'aura pas la "loi" en sa faveur et que tout ce qu'il tentera pourra lui être reproché avec ce règlement.
Ensuite, la politique du bâton et de la carotte est une pédagogie ancestrale qui a ses limites. Par exemple, pour sortir de l'établissement, il faut avoir eu un bon comportement. Malgré des résultats rapides sur le comportement, ce type de fonctionnement ne va pas faire réfléchir l'enfant sur ses actes. Cela va lui apprendre à agir uniquement par intérêt. Par ailleurs, le jour où la carotte disparaitra, l'enfant aura tellement été conditionné à avoir une récompense immédiate que lorsqu'il aura bien agi, il pourra se sentir frustré de ne pas avoir le résultat espéré et désengager tout le processus de construction de son nouveau lui.
Enfin, l'idée de garder enfermer et de n'effectuer que très peu de sorties hors de l'établissement sera une tare pour l'enfant qui pourra lui poser des problèmes de sociabilités supplémentaires par la suite.
L'idée de ce type de centre est sans doute nécessaire, surtout quand les enfants sont épris de crises violentes pouvant être destructives pour lui-même et les autres. Cependant, une autre approche à l'intérieur de ces murs serait selon moi plus appropriée.


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