Une pétition demandant la suppression de notes à l’école circule. Le ministre de l’éducation nationale Luc Chatel s’y oppose
Supprimer les notes. La proposition est directement inspirée par les théories de l’éducation nouvelle, très en vogue dans les années 70. L’objectif est de remplacer l’évaluation des connaissances par une évaluation centrée uniquement sur les compétences et les comportements.
Il y a ceux qui sont pour…
Une vingtaine de personnalités se sont jointes à l’appel de l’Afev (l’Association de la fondation étudiante pour la ville) parmi lesquelles Boris Cyrulnik, Daniel Pennac ou Marcel Rufo, pour réclamer la suppression des notes à l’école élémentaire, afin d’éviter une stigmatisation des élèves et la sélection par l’échec. « Nous appelons à supprimer la notation à l’école élémentaire, qui doit devenir l’école de la coopération et non de la compétition », écrivent-ils. Des évaluations, mais plus de notes avant la sixième. Celles-ci stigmatisent les moins bons élèves, tuent l’estime de soi, et stimulent l’esprit de compétition plus que l’esprit.
L’Afev rejoint le combat du chercheur André Antibi. Ce professeur de didactique dénonce depuis 2003 le poids excessif de la note au sein d’un système qui « sélectionne par l’échec » et a reçu au printemps dernier le soutien des parents d’élèves de trois fédérations du public et du privé (FCPE, Peep et Apel).
En Suède, le débat passionne le pays depuis plusieurs mois. Actuellement, la notation démarre en quatrième, « âge auquel un jeune comprend que ce n’est pas lui qui est évalué, mais son travail », selon le discours en vogue. Le gouvernement de droite voudrait que la notation démarre en sixième. La gauche et les Verts s’y opposent. D’autres vantent au contraire les mérites du système Steiner. « Cela fait des années que les écoles Steiner appliquent un système scolaire où les premières années se font sans le recours aux notes. On y donne le goût du savoir aux enfants, on les éduque par le plaisir sans recourir à la sanction des notes. Et vous savez quoi: les enfants s’en sortent très bien » explique une mère de famille « Mes enfants ont été dans une école Steiner et ont grandi sans notation. Ils ont adoré l’école et question niveau, je peux comparer avec tous leurs copains. »
… et ceux qui sont contre
En marge de l’ouverture de la Journée internationale de la philosophie au siège parisien de l’Unesco, le ministre de l’éducation nationale Luc Chatel a opposé une fin de non-recevoir à cette proposition. « La note, elle est utile pour avoir des repères, pour mesurer les résultats des élèves.» «Il ne faut pas voir la note comme l’échec, comme le rejet, comme la sanction. »
Sans surprise, l’Uni s’oppose également à la suppression des notes à l’école et au collège et recueille déjà 12 000 signatures sur la pétition contre la suppression des notes pour eux ce projet est démagogique et purement idéologique.
En 2009, des enseignants d’une classe de 6e du lycée Collège Van der Meersch de Roubaix ont expérimenté la suppression des notes. Ce type d’évaluation n’a vraisemblablement permis d’améliorer ni les résultats, ni la motivation des élèves. « Le bilan n’est pas à la hauteur de nos attentes. L’ambiance de travail s’est dégradée. Les élèves ont eu tendance à devenir moins compétents au cours de l’année à cause d’un manque de rigueur. […] Seuls trois élèves ont fait l’effort d’apprendre leurs conjugaisons, les autres ne s’en sont pas donné la peine et il semble que l’absence de note en est une cause aggravante. […] La disparition de la note ne semble donc pas être une solution pour agir sur la motivation des élèves ». Cette évaluation dite « formatrice » serait un échec et plusieurs pays (Suisse, Québec, Danemark) viennent d’abandonner cette pratique après l’avoir expérimentée durant quelques années.
Yann Sokamessou