J'écris parce que je chante mal

Par Liliba

Daniel RONDEAU

Écrire un blogue relève beaucoup de l’exhibitionnisme anticipé. C’est un peu comme faire un strip-tease dans le noir et souhaiter que quelqu’un ouvre la lumière.

Je est un autre
Arthur Rimbaud

Tout d'abord, il y eut le titre. Parce que moi aussi j'écris, et parce que je chante mal, aussi. Puis une jolie critique chez Cinquième de couverture, qui m'a donné envie de découvrir cet auteur et ce premier ouvrage.

Comme vous le savez, j'aime beaucoup lire des nouvelles. Et même si les textes de ce joli petit livre (la taille idéale pour tenir dans mon sac, chic et sobre, très agréable à transporter !) ne sont pas tous vraiment des nouvelles, je me suis plongée avec délices dans l'univers de Daniel Rondeau.

On rencontre ici des hommes et des femmes, des enfants parfois, quelques vieux. On rencontre des gens tristes, beaucoup, des esseulés, des gens qui ne savent plus comment vivre leur vie, des gens si malheureux qu'ils veulent se suicider. Mais on fait également la connaissance de personnes gaies, heureuses, épanouies, qu'un rayon de soleil rassure et égaye, qui savent trouver en chaque chose, chaque geste de la vie de l'énergie pour avancer, aimer, atteindre le bonheur. Ces gens se côtoient, se croisent parfois, se parlent, ou bien s'ignorent, c'est selon. Certains boivent, certains boivent même trop pour oublier. Mais la bouteille sert aussi à faire revenir le soleil, l'espoir, l'humour... D'autres parlent, racontent, se racontent. Des couples se séparent, d'autres se retrouvent, d'autres encore se déchirent. Des enfants naissent, des vieillards meurent... C'est la vie dans sa banalité, la vie des gens qu'on croise dans la rue ou dans le métro, votre vie ou la mienne, celle d'anonymes qu'on se prend pourtant à aimer en quelques lignes, après quelques verres bus en leur compagnie, en écoutant leurs histoires, leurs litanies.

Ce sont donc dans ce livre une succession de petites histoires, parfois extrêmement courtes, quelques lignes à peine, parfois plus longues et conformes à l'idée qu'on se fait d'une nouvelle. Et toutes ces histoires parlent d'amour, de haine, de vie, de mort. L'auteur possède une plume vraiment fine et sensible pour donner corps à tous ses personnages en quelques mots, et surtout pour partager avec nous des émotions : tristesse, peur, joie et tout le panel d'émotions qu'on peut ressentir dans les différentes situations de notre vie.

C'est simple, c'est sobre, c'est très beau et très sensible et j'ai été tout au long de ma lecture totalement sous le charme des mots, des expressions de là-bas qui font sourire de ce coté de l'Atlantique, de l'humour qui n'est jamais caché bien loin. On sent un regard aimant sur ces êtres croisés, de la compassion, de la compréhension, et jamais l'auteur ne tombe dans la caricature ou le voyeurisme, non, tout ici est exprimé en finesse, délicatement.

Un très beau regard. Une écriture qui touche droit au coeur. Je vous la recommande.

Livre voyageur de Caro[line], que je remercie de cette très jolie découverte !

Et le blog de l'auteur sur lequel vous retrouverez aussi petites histoires ou nouvelles dans ce style qui m'a beaucoup touchée.