1167.- Dans une Amérique puritaine des années 1924 à 1972, Clyde Tolson adjoint et amant de John Edgar Hoover dresse un portrait du patron du FBI qui a été l'un des personnages les plus importants de l'Etat sous huit Présidents des Etats Unis et Dix-Huit ministres de la Justice.
Dans une Amérique antisémite, raciste, anti-communiste, il fallait savoir louvoyer dans les arcanes du pouvoir et se tenir bien proche de ses meilleurs ennemis pour rester au top comme Hoover l'a fait pendant toutes ces années.
C'est passionnant comme un roman de John Grisham, très bien écrit avec des tournures qui valent leur pesant de cacahuètes tel le délicieusement subversif "Bob Kennedy ne connaissait visiblement de la violence que la brûlure du frottement des draps en soie sur sa peau quand il s'acharnait à faire des enfants à sa femme. Il n'imaginait certainement pas qu'un syndicaliste qui ne s'était pas plié à la loi des camionneurs puisse se retrouver à l'hôpital, un concombre dans le rectum avec une étiquette sur laquelle on pouvait lire: "La prochaine fois ce sera un melon".
Depuis J.Calvin Coolidge, Président de 1923 à la crise de 1929, à Gérald R. Ford en passant par Herbert C. Hoover, Franklin D. Roosevelt, Harry S. Truman, Dwight D. Eisenhower, JFK, Lyndon Johnson et Richard Nixon, on suit la montée au pouvoir des Kennedy père et fils en commençant par Joe Kennedy qui a fait fortune à coups de délits d'initiés, d'import d'alcool durant la prohibition et de relations avec la mafia.
Il s'est acheté une respectabilité en étant nommé chef de la SEC équivalent dans l'Autorité des Marchés Financiers puis ambassdeur des Etats-Unis au Royaume-Uni. Enfin il a hissé ses deux rejetons John et Robert aux plus hautes responsabilités de l'Etat en 1960.
On est plongé dans les intrigues géopolitiques où notamment avant la Seconde Guerre Mondiale il n'était pas criminel d'adopter une position pro-hitlerienne à l'instar du père Kennedy. Au passage les Kennedy sont décrits comme des personnages bien peu sympathiques et totalement à l'opposé de leur image propre et lisse de gendres idéaux.
John surtout qui a été un queutard invétéré et a eu des liaisons dangereuses avec d'innombrables femmes y compris lorsqu'il était marié avec Jacqueline Bouvier, dont la plus célèbre fut celle qui l'a entretenue avec Marylin Monroe et qui a sans doute était létale pour la jeune actrice sensible et fragile.
On découvre dans ce roman les thèses du complot qui entourent les morts de l'actrice justement et du plus jeune président des Etats-Unis le 22 novembre 1963. On se retrouve plongé dans une intrigue à la JFK. Le livre m'a donné envie de revoir les films JFK (1991) d'Oliver Stone et Treize Jours (2001) de Roger Donaldson.
Cet excellent roman me donne donc envie de découvrir le dernier Marc Dugain sorti lors de la rentrée littéraire 2010 "L'Insomnie des Etoiles" qui traite de l'idéologie nazie et des méandres de la nature humaine.
(JFK un film de Oliver Stone avec Kevin Costner et Tommy Lee Jones)
"La Malédiction d'Edgar" (2005) de Marc Dugain