qui prennent la poussière
parce qu'on ne boit jamais rien dedans
un tapis au fond d'une armoire
mangé au final
par les sales mites
il y a le cœur qui bat fort
puis qui bat moins fort
puis qui ne bat plus
et les mots qu'on oublie de dire
les baisers qu'on ne pense plus à donner
les vêtements qu'on ne porte plus
les amis qui s'éloignent
le téléphone qui ne sert plus à grand chose
il y a les animaux qui meurent
les amis qui meurent
les enfants qui s'éloignent
les os qui font mal
les muscles qui se ramollissent
à quoi bon se coiffer
puisqu'on ne voit personne
à quoi bon se faire à manger
puisqu'on est seul
à quoi bon sortir,
pour aller où
le jardin devient une friche
la voiture se rouille
les choses deviennent reliques
le corps devient un poids lourd
le travail de vivre, c'est long
c'est dur, c'est chiant
le travail d'aimer, de donner,
c'est ardu, un labyrinthe parfois
on s'y perd, on ne sait plus
on ne rit plus, on ne bouge plus
on ne caresse plus
et on donne un coup de pied au chien
il y a la colère de l'existence
la hargne d'avoir pas su,
pas pu,
d'être passé à côté
la colère qui tient pour vivant
alors qu'on n'est plus nulle part
sale boulot, quel sale boulot,
chienne de vie, saloperie intégrale,
quand on n'arrive plus à rien