A 8h30 ce matin, la « thonmobile » de Greenpeace est positionnée devant le centre de conférence où se tient la réunion de l’Iccat (Paris 13ème). Les militants demandent aux délégations présentes en ce jour de plénière d’ouverture de statuer en faveur d’un arrêt de la pêche à la senne.
Cette demande prend tout son sens avec le nouveau scandale sur la non-gestion de cette pêcherie révélé par Greenpeace aujourd’hui : des documents publiés hier par l’ICCAT montrent qu’environ 10 200 tonnes de thon rouge, c’est à dire pas loin de la totalité du quota mondial, attendent encore dans des cages en Méditerranée.
Ce thon est apparemment invendable… Le fait que ce poisson n’arrive pas à être vendu pose de sérieuses questions sur la pertinence de continuer à pratiquer cette pêche. C’est une nouvelle preuve de l’impossibilité totale de gérer la pêche au thon rouge. Les délégations de l’Iccat doivent ouvrir les yeux et fermer la pêche à la senne.
La synthèse technique de cette affaire est disponible en anglais
Un débat de chiffres qui ne laisse aucune place à l’espèce
Depuis plusieurs semaines la France et les autres pays pêcheurs de l’Union européenne se cachent derrières les chiffres en déclarant que la maintient du quota actuel de pêche au thon rouge, 13500 tonnes, laisse 63 % de chance au stock d’être reconstitué d’ici à 2022. Cela leur semble « équilibré »…
On parle là de la survie d’une espèce, serait-il équilibré de laisser seulement 63 % de chance de sauver des espèces plus emblématiques comme le dauphin ou l’orang-outang ?
Les gouvernements qui reprennent à tout va les chiffres des scientifiques oublient de dire que le quota actuel de pêche au thon rouge ne laisse que 30 % de chance au stock de se reconstituer d’ici à 2020.Cette position est indéfendable, elle ne respecte aucun accord international, ni celui de la directive européenne sur la stratégie marine ni celui passé à Nagoya il y a seulement quelques jours !
Les emplois : un argument qui ne tient pas la route
Le gouvernement français défend sa position en arguant que la pêche au thon rouge est un important vecteur d’emplois. Le ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche avance même que cette pêche représente 1000 empois en équivalent plein temps. La réalité est très différente…
Les chiffres annoncés sur les emplois liés à la pêche au thon rouge sont ridiculement élevés. Comment une activité d’uniquement un mois qui concerne 17 navires avec à leur bord une douzaine de marins générerait autant de travail en équivalent plein temps ? C’est impossible et indémontrable. La seule chose tangible : les emplois directs. Et dans ce cas là, le chiffre atteint péniblement les 50 emplois.
La France fait aujourd’hui ce qu’elle a toujours fait : elle agit en coulisses pour défendre une poignée de pêcheurs industriels puissants, principaux responsables de l’effondrement de plus de 85 % du stock de thon rouge au cours des vingt dernières années.