Dans ce monde en proie à de violents senshis, des as de la gâchette sans foi ni loi, Rushuna Tendou en est un elle aussi, mais envoyé par l’Impératrice afin de visiter les régions qui guerroient entre elles. Elle a reçu de la monarque un message de paix : l’ultime stratégie est d’enlever à l’ennemi la volonté de se battre. Au cours de ce voyage, elle rencontre Yajirou Kojima, un samurai qui hait les senshis, et la très jeune Mikan, une orpheline spécialiste des… ballons de baudruche. Ils croiseront un ennemi aussi implacable que mystérieux : le Clown…
Sans prétention, Grenadier se veut essentiellement distrayant, et s’il s’avère plutôt déroutant au premier abord, il réussit néanmoins bien son coup. On y apprécie beaucoup le mélange des genres et des époques sur les divers plans artistiques : certains décors sont proprement somptueux, les costumes souvent étonnants, la musique très réussie.
De toute évidence un hommage aux westerns – et en particulier les films de Sergio Leone – par son personnage principal et son thème mais aussi la bande son et le format cinémascope, cette production parodie avec adresse des animes tels que Dragon Ball (Daisuke Nishio & Minoru Okazaki, 1986) voire Yu Yu Hakusho (Noriyuki Abe, 1992), mais sans s’éterniser, et va même jusqu’à s’auto-parodier par moments ce qui est souvent appréciable. Certains gunfights ne vont pas sans rappeler les films de John Woo – le dernier épisode étant assez mémorable à ce niveau – mais en beaucoup moins sanglant sans pour autant être un spectacle « familial » à proprement parler.
Si est abordée, au moins de façon détournée, cette période charnière de l’histoire du Japon où les armes à feu ont peu à peu remplacé les armes traditionnelles, la représentation – ici d’ordre métaphorique – et ses idées inhérentes restent sobres afin de garder le récit sur les rails du divertissement et du bon spectacle.
À voir pour passer un bon moment de rigolade en appréciant l’ambiance assez unique et bien réalisée.
Notes :
Cet anime est une adaptation du manga éponyme de Sousuke Kaise publié dans Shônen Ace, chez Kadokawa Shoten, en 2003.
Senshi peut se traduire par « maître en armes à feu ».
Épisode 01 : le kanji écrit sur le sous-vêtement de Nagou est celui de son nom.
Épisode 04 : Rokumonsen peut se traduire par « les 6 portes perlées » – référence aux 6 canons de la Gatling.
Épisode 09 : le nom de Shirato Fuuka peut se traduire de la façon suivante : shirato signifie « terre blanche » et fuuka « vent neigeux »
Épisode 10 : Kasumi est habillée comme une prostituée de rue à l’ère des samouraïs ; le tapis de paille qu’elle transporte avec elle sert de « lit » pour tous lieux et à toutes heures.
Grenadier, Hiroshi Koujina, 2004
Black Bones, 2009
12 épisodes, env. 30 € l’intégrale
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka