Diffusée un peu en décalé (une partie l’été, puis pendant la rentrée des séries cet automne), la première saison de Persons Unknown n’a pas bénéficié d’une bonne exposition médiatique, et ses mauvais résultats ont rapidement scellés son sort. Annulée après sa première année, la série n’aura pas démérité, tentant de nous offrir une alternative aux séries classiques, et à son niveau à la fin d’une autre grande série mystère, Lost.
Show créé par Christopher McQuarrie (le scénariste d’Usual Suspects), Persons Unknown est un peu le coup de poker de son diffuseur : aucune star, un concept étrange écartelé entre Le Prisonnier et Lost, un budget moindre et pas mal d’idées pour combler ce manque. Pas de chance, ça n’a pas marché, et pourtant on sent la volonté d’offrir quelque chose de plus : une série pleine de mystères et de manipulations internationales. On y retrouve sept personnes se réveillant dans une ville fantôme, entourée de champs magnétiques empêchant toutes sorties. Aucune raison, aucun lien entre elles pour expliquer leur « parachutage » dans cet endroit désert mais civilisé. Se rappelant à peine de leur enlèvement, chacune d’elles a de fortes raisons de vouloir retrouver leur vie (famille, secret…). Mais derrière les apparences se cachent de nombreuses choses, à commencer par un réseau de caméras les surveillant de près… A l’extérieur, l’ex-mari journaliste d’une des victimes se met en tête de la retrouver, son intuition le menant vers une conspiration internationale.
Persons Unknown a le tort de ses défauts, spécialement pour une première saison. On lui pardonne ainsi une histoire aux rebondissements un peu trop simple, certains raccourcis bien utiles pour les scénaristes, ou encore une esthétique simple et efficace qui doit surtout dépendre du peu de moyens en jeu. Pourtant tout cela a le charme de cultiver une aura de mystères et de questions qui nous poussent à voir la suite. De la situation des sept enlevés, des vraies enjeux ou raisons de leur présence, qui se cache derrière quoi, ou encore comment… Même si le postulat peut rappeler le Prisonnier (y compris dans la structure de la saison…), l’essai est ici de démultiplier le scénario, avec une galerie de personnages importants (qui atteint une douzaine en fin de saison), et l’addition d’idées et de mécanismes pour ne pas endormir le spectateur. Bien loin d’être extrême, la série n’arrive pourtant pas à porter son idée au bout, laissant le tout mijoter dans un certain marasme permettant de ne pas trop faire bouger les choses, pour passer d’épisodes en épisodes. Tout juste la fin de saison ouvre t-elle de nouvelles portes, assez audacieuses, sur une suite éventuelle qui ne verra (a priori) pas le jour. Voilà donc pour finir une bravade qui symbolise toute la série : des idées, pas exploitées à fond, qui auraient demandées plus de temps et de moyens. De la part d’un scénariste comme McQuarrie, on savait qu’il y aurait du suspense. Donnons lui de quoi s’exprimer!