Love story et thriller social
Vous rêvez d’Australie ? De son désert lumineux, de ses immenses plages désertes, de sa barrière de corail, de cette terre d’accueil ? Vous allez être surpris par la vision sombre et dérangeante de Damien Marie. Il s’éloigne en effet des clichés pour s’attarder sur un continent sauvage et raciste, où la nature reste tumultueuse et le sort des aborigènes guère enviable. Et pourtant il conte une histoire d’amour. L’amour possessif d’un père pour sa fille unique Angie. Mais surtout l’amour fusionnel entre la jeune femme libérée et Mayaw, le fils d’un employé aborigène de son père. Les conditions d’un amour interdit et impossible sont réunies dans cette ferme de crocodiles, au milieu de nulle part, à Perdition, près de Darwin dans le Nord du cinquième continent.Tout commence à l’été 1994, le 22 octobre très exactement. La saison des pluies – le wet – démarre sous une chaleur accablante. Un orage puissant se prépare. Il énerve les crocodiles mais exacerbe les caractères. Angie et Mayaw se voient une fois de plus en cachette. Quand Connors, le père jaloux et tyrannique, se rend compte de leur liaison, ils n’ont pas d’autre choix que de fuir sa colère. Ils savent qu’il ne fait pas dans la dentelle. Ses crocodiles ont toujours faim… Comme Bonnie & Clyde, ils prennent la route sans destination. Juste loin. Mais déjà Connors charge Bruce son homme de main séduit lui-aussi par sa fille de la ramener. La chasse au jeune couple est ouverte…Damien Marie est un habitué des thrillers sombres. On se souvient chez le même éditeur de la Cuisine du Diable, et plus récemment de la série Dieu chez Dupuis ou Wounded chez Bamboo. Il revient chez Vents d’Ouest avec Damien Vanders avec qui il a signé chez Bamboo Parce que le Paradis n’existe pas et surtout Welcome to Hope. Le nouveau titre semble d’ailleurs faire écho à cette précédente trilogie de la collection Grand Angle. Damien Marie manie avec aisance cet univers. Il aime surprendre. Et il y réussit avec ce drame sentimental et social dont la tension monte jusqu’à la dernière planche. L’intérêt est aussi son regard sur cette société non apaisée entre colons blancs et aborigènes noirs. Pour le traduire en BD, Vanders joue sur un trait plus noir et accentue le suspense de cet album par son côté tourmenté et volontairement imprécis. Pour compléter cette ambiance, le coloriste Cyril Saint-Blancat a fait un travail détonnant.Difficile d’attendre la fin de ce diptyque éprouvant !
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Back to Perdition - http://backtoperdition.blogspot.com/- T.1 - de Damien Marie et Vanders - Vents d'Ouest, collection Aventures - 1er septembre 2010 - 13,50 €