Attaque de Bakassi : Le Mincom donne sa version des faits

Publié le 19 novembre 2010 par 237online @237online

Écrit par Mutations   

Vendredi, 19 Novembre 2010 08:24


Issa Tchiroma Bakary a donné un point de presse à cet effet hier à Yaoundé.
L'attaque du navire tanker baptisé «Moudi», mardi dernier au large de la péninsule de Bakassi, a officiellement fait cinq morts. Lors du point de presse donné hier dans la salle de conférence de son département ministériel, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary a indiqué que trois éléments du Bir-Delta ont trouvé la mort au cours de cette «agression» en voulant intercepter les pirates. Deux civils camerounais comptent également au rang des victimes : Il s'agit du pilote et du mécanicien de l'embarcation dans laquelle se trouvaient les trois soldats tués. D'après le Mincom, l'attaque du navire «Moudi» - navire affecté au transport des produits pétroliers par la société Pecten Perenco - a eu lieu mardi 16 novembre dernier aux environs de 22h15 min au large de la péninsule de Bakassi. Les pirates, «lourdement armés», étaient à bord de deux embarcations rapides. Les 3 éléments du Bir-Delta, tués lors d'un échange de coups de feu nourri avec les assaillants, étaient eux en patrouille de sécurisation dans la zone à bord de l'embarcation surfer «Mungo 7» lors de l'attaque alors qu'ils se rendaient à la rescousse du navire en danger.

Aucune information du ministre sur l'identité des assaillants alors même que ladite attaque a été revendiquée le lendemain, c'est-à-dire mercredi dernier, par un groupe de rebelles baptisé l'«Africa Commando».
Tout en déplorant la mort de ces «soldats aux champs de bataille» et de «nos compatriotes», le gouvernement, par la voix du Mincom, se félicite de la prompte réaction des «renforts de la base arrière (qui) ont finalement permis de repousser les assaillants au-delà de nos eaux territoriales.» En guise de rappel, le Cameroun a déployé l'unité spéciale du Bir-Delta en avril 2009 pour assurer la sécurité de la péninsule de Bakassi, après une série d'attaques de pirates qui avaient fait chuter de 13% la production pétrolière. Les attaques se sont multipliées depuis le début d'année 2008 dans les eaux camerounaises et internationales dans le golfe de Guinée. Parmi les plus récentes, l'on cite celle contre le navire russe et l'enlèvement de deux marins en mars dernier alors que leur bateau était visiblement encore ancré au port de Douala, la capitale économique du Cameroun.

Selon le consul de Russie au Cameroun, Konstantin Lobko, «les deux marins russes ont été enlevés dans le North Spirit, un navire qui comportait un équipage russe et ukrainien». Toujours est-il que le navire a été libéré plus tard grâce à une intervention du Bir-Delta. Le golfe de Guinée est devenu l'un des plus grands foyers de la piraterie maritime avec  l'Afrique de l'est et  l'Asie du sud-est. Selon le ministère français de la Défense, les zones ayant connu le plus grand nombre d'attaques de piraterie depuis 10 ans, ont été le détroit de Malacca, le golfe de Guinée et le large de la Somalie. S'agissant de la zone du golfe de Guinée, elle concentre un niveau élevé d'attaques. La plupart de celles-ci (74%) ayant lieu au large du Nigeria. Les autres pays concernés sont le Cameroun, la Guinée Equatoriale et le Bénin. En 2009, on dénombrait 104 actes de piraterie ou de brigandage (77 au Nigeria, 22 au Cameroun, cinq en Guinée Equatoriale).

Surtout que plusieurs groupes armés sont actifs dans le golfe de Guinée. Une région côtière et marécageuse de 1.000 km2, réputée riche en pétrole, en gaz naturel et en ressources halieutiques. Dans cette zone, la péninsule de Bakassi, au centre d'un conflit frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, a été entièrement rendue par le Nigeria au Cameroun le 14 août 2008 après 15 ans de différend. Depuis lors, des attaques en mer s'y sont multipliées. En décembre 2009, un gendarme camerounais a été tué lors de l'attaque d'une pirogue. En octobre, une personne avait été tuée et deux autres blessées lors de l'attaque d'un chalutier. Quelques jours plus tard, l'armée camerounaise a tué quatre pirates qui tentaient d'attaquer un bateau.
Déjà, fin 2008, un groupe armé peu connu, les Bakassi Freedom Fighters (Bff), s'était fait connaître en prenant en otages un pétrolier travaillant pour la société pétrolière française Total, a été attaqué par un groupe d'hommes armés près de la péninsule Bakassi. Dix des 15 membres d'équipage à bord du pétrolier «Bourbon Sagitta» ont été enlevés. Comme l'a indiqué le Mincom, la communication gouvernementale d'hier, menée «sous hautes instructions du chef de l'Etat», avait pour objet de donner la version officielle et «exacte» des circonstances de l'attaque perpétrée dans les eaux camerounaises mardi dernier.