À quelques jours de l’ouverture du sommet de Cancún, Oxfam France et le Réseau Action Climat France, publient un rapport qui analyse les promesses faites par la France en termes de financements lors du Sommet de Copenhague. Cette analyse des ONG montre que la France ne se donne pas les moyens de tenir ses engagements sur le climat en faveur des pays plus pauvres.
Le rapport, intitulé « Quai des Brumes » *1, souligne qu’un certain nombre de principes essentiels pour répondre aux besoins des pays les plus vulnérables face aux conséquences des changements climatiques ne sont pas respectés par la France.
Peu ou pas d’additionnalité des financements climat par rapport aux objectifs de l’aide publique au développement (APD), déboursements majoritairement sous forme de prêts, accent mis sur les projets d’atténuation et utilisation massive du canal bilatéral…, les financements climat français sont loin des engagements pris par la France à Copenhague.
« Le rapport montre que non seulement la France gonfle artificiellement son aide sur le climat au détriment des populations auxquelles elle est destinée, mais également qu’elle traine des pieds sur la transparence de ses financements. C’est une chose de ne pas répondre de manière transparente aux questions des ONG, c’en est une autre de tirer vers le bas les processus européens sur le sujet et rejoindre des pays comme l’Italie qui ne sont pas transparents envers leurs citoyens », souligne Romain Benicchio d’Oxfam France.
Le sommet de Cancún *2 sera l’occasion de faire un premier point sur les promesses de financements pour la période 2010-2012 dits précoces, mais également d’avancer sur la mobilisation de financements à long terme ou la mise en œuvre du nouveau fonds climat promis à Copenhague *3.
« Ce rapport propose à la fois des principes pour que les financements climat soient efficaces mais également pour que la présentation des chiffres soient la plus transparente possible. Les financements précoces doivent permettre non seulement de rétablir la confiance entre pays industrialisés et pays en développement dans les négociations climat, mais aussi servir d’exemple pour les financements à long terme », explique Sébastien Blavier du RAC-F.
Face au manque de transparence manifeste quant à la mise en œuvre des financements climat français *4 et suivant la position commune du RAC-F et de Coordination Sud sur les financements précoces, les organisations, membres de ces deux collectifs, recommandent l’élaboration de critères communs et équitables sur la provenance et l’utilisation des financements précoces, notamment en garantissant l’additionnalité des financements précoces par rapport aux objectifs d’APD.
Elles demandent également de mieux utiliser les financements précoces et de mieux répondre aux besoins urgents des pays les plus vulnérables en rééquilibrant les financements climat entre l’atténuation et l’adaptation. Enfin, le rôle des Nations Unies doit rester central et la CNUCC mandatée pour établir des rapports réguliers et complets sur les financements précoces et leur utilisation.
Note aux rédactions
Le rapport sur les financements précoces que l’Union Européenne présentera à Cancún doit être discuté lors du conseil ECOFIN du 17 novembre.
Notes :
*1 Le rapport « Quai des brumes : suivi des promesses de la France en matière de financements pour le changement climatique » est disponible en PDF.
*2 Le sommet des Nations unies sur le climat est fixé à Cancún du 29 novembre au 10 décembre 2010. Oxfam France et le RAC-F seront sur place pour suivre l’avancée des négociations.
*3 L’Accord de Copenhague sur le climat, signé en décembre 2009, prévoit la mobilisation de financements dits « précoces », 30 milliards de dollars, entre 2010 et 2012 pour aider les pays en voie de développement à lutter contre les changements climatiques. La France a promis de contribuer à hauteur de 1,24 milliard d’euros pour les trois ans, soit 420 millions d’euros par an.
*4 Dans le but de préparer cette prochaine rencontre, et afin de comprendre la mise en œuvre des financements précoces, les ONG françaises se sont adressées au gouvernement français pour obtenir des détails sur l’origine et la destination des 420 millions d’euros promis. Malgré des demandes répétées, peu d’informations ont été obtenues.
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Réseau Action Climat France :