Une fois par mois, découvrons ensemble le métier et l’univers d’un acteur de la déco, design ou architecture à travers une interview sur BEDesign : Les Métiers de la déco, design, Architecture
Le but étant de découvrir à travers différentes interviews le parcours, les expériences de chacun, le tout permettant de comprendre des métiers aux noms parfois galvaudés.
Éléonore Nalet, Designer française a accepté de répondre à mes questions…
Bonjour Eléonore,
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Peux tu nous expliquer ton parcours, formations en quelques mots ?
J’ai étudié à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs dans la section design, avec une parenthèse à la Design Academy de Eindhoven. L’ensemble accompagné de stages en agences ou chez des designers indépendants.
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Travailles tu dans un studio, agence ?
Je travaille en temps qu’assistante pour la designer Inga Sempé, et je développe en parallèle des projets personnels. Je n’ai pas encore de structure, j’avance doucement.
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Peux tu définir ton travail en un mot ? Un objet ?
Non, je ne crois pas, ce serait assez réducteur. Je n’ai pas vraiment de définition à donner, j’essaie de développer des objets beaux et intelligents. J’aimerais qu’ils rendent service, tout en apportant un peu de légèreté ou de poésie au quotidien.
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Participes tu souvent à des concours du même type que celui que tu a remporté dernièrement ? (Prix du groupe SEB)
Depuis mon diplôme il y a deux ans c’était le premier. Le concours de la villa Noailles est vraiment intéressant car il permet d’une part de présenter un projet personnel; la chaise Serpentine, et d’autre part de répondre au brief d’un grand groupe industriel comme SEB. Enfin, les 3 jours de festival et la proximité avec le jury permettent des échanges très intéressants avec des acteurs divers du milieu de la mode et du design.
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Gagner ce genre de prix changes t-il la vie d’un designer ? Notoriété, financement…
Je n’irais pas jusqu’à dire que ça change la vie, mais c’est un vrai tremplin. Il y a une certaine couverture médiatique, et l’exposition des prototypes pendant 3 mois à Hyères permet de se confronter à un public, ce qui est rare avant la production. De plus, le prix attribué par le groupe SEB est une aide financière importante pour le développement de futurs projets, car être designer indépendant ce n’est pas simple!
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Quels sont les designersqui vous inspirent ou que vous appréciez particulièrement ?
J’aime la douceur et la simplicité du style scandinave des années 50/60, et le mobilier des Eames. Chez les contemporains j’apprécie beaucoup le travail des frères Bourroulec, les recherches incroyables de François Azembourg, et dans un autre style le mobilier de Stephen Burks. Sans oublier Inga Sempé, sans quoi je ne pourrais travailler pour elle.
Pour ce qui est de l’inspiration, je préfère le quotidien.
- Quelle a été ta première création ?
Certainement des petites boîtes quand j’étais enfant, j’en accumule encore de toutes sortes qui sont vides pour la plupart.
- Parmi tes créations quelle est celle que tu aimes le plus ?
Mon prochain projet. Je suis souvent critique envers ce qui est terminé.
- Quelles sont tes influences ?
Le quotidien, et les voyages. Je rentre tout juste du Japon avec quantité de nouvelles références. Il y a tellement de formes et d’usages différents, surtout dans l’architecture, c’était vraiment intéressant.
- Chez toi c’est comment ? Ton environnement de travail ? Peut on avoir une photo ?
C’est très petit, et en plus en ce moment je refais les peintures! Pour la photo ce sera un peu plus tard.
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Pour toi, le plus important dans une création est ? La Praticité ? La Poésie ? L’Usabilité ? La Processus de création simplifié ?… L’humour ?
L’usage, puis l’esthétique, et enfin la faisabilité par un industriel, sans quoi l’objet n’existe pas. Si à cela je peux ajouter de la légèreté et un peu de poésie l’objet sera presque réussi.
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Un conseil à donner au personnes désireuses de se lancer et de devenir designer ?
Ne pensez pas que vous serez Starck! Designer ce n’est pas un métier à paillettes, c’est difficile, et l’on est pas toujours récompensé, alors courage.
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A quoi ressemble une journée type pour Eléonore Nalet ?
S’il s’agit d’une journée de travail personnel, c’est beaucoup de dessin, des maquettes, mais aussi des moments à errer sur internet ou dans la rue. Les idées ça ne se commande pas. Parfois je travaille mieux à la terrasse d’un café que devant mon bureau.
Un des avantages à travailler pour soit c’est de ne pas avoir de journée type.
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Que penses-tu de l’effervescence autour de la déco, du design ces dernières années à la télévision et sur internet ?
Je pense que c’est souvent autour de la déco, et très rarement autour du design. Le grand public ne connais pas le métier de designer industriel. J’ai pris autant de plaisir à dessiner une chaise qu’une sorbetière pour Moulinex, et c’était également autant de contraintes. Dans les magazines on ne voit que du mobilier, mais il y a un designer derrière la plupart des objets du quotidien.
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Comment tu choisis tes projets ? Travail tu en équipe ? En solo ?
Je travaille seule car cela laisse plus de liberté dans l’organisation, mais je suis ouverte pour des projets en équipe, surtout s’il s’agit de mixer des compétences.
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Quelle est ta méthode de travail ?(croquis, photos, 3d…)
Beaucoup de croquis, et en parallèle des maquettes. Parfois de la 3D aussi, quand elle s’impose. Au début il y a toujours le dessin.
- Consultes tu régulièrement des livres, sites, blogs consacrés au design ? Si oui lesquels ?
Un peu, à la manière d’une revue de presse. Le seul blog que je visite très régulièrement est Dezeen, je feuillète les magazine de déco dans les gares. Cela dépends du temps dont je dispose, quand je suis plongée dans un projet je ne regarde pas beaucoup autour.
Essayons d’aller un peu plus loin, si tu me permets :
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Est-il facile d’être une femme “designer” ?
Je ne suis pas sure que cela tienne au fait d’être une femme, mais être un jeune designer ça n’est pas évident. Il faut être particulièrement rigoureux avec les industriels ou les prototypiste pour se faire respecter, et arriver à imposer ses choix.
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As tu une définition du “design” ?
Non, d’autant qu’à l’étranger ce terme est utilisé pour toutes les sphères de la création. Peut être “dessin avec un dessein”.
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Quels sont vos passions, vos loisirs, en dehors du design ? Un designer a-t-il une vie en dehors du design…
Oui et non, car l’on travaille un peu en pemanence. Je dirais qu’il n’y a pas de frontières, on ne peux pas vraiment parler de travail et vie privée, mais rassurez vous j’ai bien d’autres centres d’intérêt.
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Ou te vois tu dans 5 ans ? 10 ans ?
Pour les prochaines années j’aimerais travailler un peu à l’étranger, et puis dans 5, 10 ans, avoir mon propre studio avec des clients intéressant ce serait vraiment bien.
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Que pensez-vous de vos confrères ?
Pour l’instant j’ai encore du mal à me considérer comme designer indépendante, alors mes confrères …
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Quels sont vos projets encours ?
Un kit de voyageur léger, une petite table pour accompagner Serpentine, des recherches en céramique … ce ne sont pas les envies qui manquent.
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Pourquoi accepter de répondre à mes questions ?
Pour montrer mon travail et partager mes points de vue. Et puis si quelques personnes peuvent avoir une meilleure idée du métier de designer avec cette interview ce sera bien.
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Est-il possible, pour terminer d’avoir un petit dessin spécial BED : Blog Esprit Design by Eléonore Nalet ?
Merci à Éléonore pour sa disponibilité et gentillesse, un interview interessante et sans langue de bois.
By Blog Esprit Design