Le héros,Yves Harteloup, est un célibataire qui revient passer un mois de vacances sur la côte basque, à Hendaye, la plage à la mode de son enfance heureuse, après quatorze ans d’absence. Né dans une famille riche de la grande bourgeoisie parisienne, il s’est comporté en héros pendant la grande guerre mais il en sort ruiné, sans fortune, n’ayant gardé que son appartement parisien. Il doit travailler mais auparavant il s’offre des vacances de rêve en cet été 1924 quand s’ouvre le récit. Ayant gardé des habitudes de luxe, il est descendu dans le plus grand hôtel de l’endroit où il peut rencontrer des gens de son ancien milieu de personnes oisives et insouciantes comme il l’était avant la guerre. C’est ainsi qu’il finit par tomber amoureux de Denise, sa voisine de plage, mère d’une adorable petite fille et épouse exemplaire d’un mari souvent absent pour ses affaires. Une idylle naît entre eux, sincère et passionnée, qui se renforce à leur retour à Paris jusqu’au moment où la différence de condition sociale se fait sentir. Yves, désargenté mais orgueilleux s’endette et s’assombrit en s’enfermant dans un silence source de malentendu d’où le titre du roman.Attention fin du roman, spoiler! Elle ne le comprend plus, se trompe sur son attitude et ses sentiments, en souffre beaucoup et, mal conseillée par sa propre mère, flirte avec son cousin, dans sa voiture, un soir, au Bois, un jour de réunion mondaine aux courses. Il surprend leur baiser et disparaît …Le malentendu leur aura été fatal.«Voilà, voilà, c’est fini. Et je n’ai pas su ce qu’était le bonheur… et à présent, c’est fini … »
Ce beau récit que j’ai beaucoup aimé, paru en 1926, et qui vient d’être réédité, est le premier roman de la jeune romancière russe de 23 ans. Plus qu’une simple histoire d’amour, il s’agit ici de l’évocation de tout un monde aujourd’hui disparu, celui des années folles, juste après la première guerre mondiale où l’envie de rattraper le temps perdu, l’envie de rire et de s’amuser était alors la plus forte . Il n’empêche, les souvenirs douloureux de la guerre et des amis perdus assombrissent le héros et gâchent vite les plaisirs trop légers et les amours les plus authentiques. Rien n’est aussi simple qu’il le semble et les malentendus entraînent vite incompréhension et solitude dans ce monde nouveau où les changements n’apportent pas forcément le bonheur! Un roman d’amour des années folles, léger et classique à la fois, brillant par le style , délicieux à la lecture ! Le malentendu de Irène Némirovsky (Denoël, 2010, 169 p) Préface de Olivier Philiponnat