Baba bling au Quai Branly

Publié le 19 novembre 2010 par Louvre-Passion

Le sous titre de cette exposition est “Signes intérieurs de richesse à Singapour” elle s’inscrit dans le « Singapour festivarts », une manifestation que vous pouvez découvrir ici.
Mais avant de commencer, un bref rappel géographique ne sera peut être pas inutile. La république de Singapour est un pays d'Asie du sud-est, situé près de la Malaisie. Formé d'une île principale et de 59 petites îles adjacentes, sa superficie est de 648 km2, malgré les apparences c’est une zone portuaire et commerciale importante.

Le titre « Baba bling » vient du terme « Baba » qui désigne un « homme chinois » et, par extension, les descendants des communautés chinoises qui se sont intégrées dès le XIVe siècle dans le sud est asiatique. La culture luxueuse, raffinée et un peu ostentatoire des communautés chinoises implantées à Singapour explique le « Bling » (clin d’oeil à notre expression « bling bling »). Les Babas font partie de ceux que l’on appelle les « Peranakan » ce qui signifie « enfant de » ou « né de » terme utilisé pour faire référence aux enfants de ces couples mixtes. Par extension, il désigne les différentes communautés d’immigration.

L’exposition présente un ensemble d’environ 480 pièces issues des communautés chinoises implantées à Singapour. Les objets, mobilier, textiles ornés de perles et de broderies, porcelaine empruntent leurs formes, motifs et couleurs aux cultures chinoises et malaises. Ils datent pour la plupart de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle, période qui correspond à un important essor économique ayant permis à de nombreuses familles chinoises de Singapour de s’enrichir. Elle marque ainsi l'apogée de ces communautés qui s'est matérialisée en partie par un art de vivre dont la maison était le coeur et le signe extérieur le plus important. Je vous en propose une visite en image puisque les photographies sont autorisées dans l’exposition.

On pénètre d’abord dans les intérieurs des maisons, ici un autel familial décoré d’un plateau à offrande ou « chien-nab », les longues piques de bambou servent à planter des offrandes de papaye confite ou des baies rouges.

La religion est un mélange de confucianisme et de taoïsme avec un culte des ancêtres qui repose sur la croyance que si leurs esprits sont bien traités ils apportent chance et richesses à la famille. Les portraits d’ancêtres qui évoluent avec le temps sont d’abord peint dans un style chinois traditionnel puis évoluent et s’occidentalisent comme celui de Song Ong Siang (1871 – 1941) qui fit des études de droit en Angleterre et fonda un cabinet d’avocats à Singapour.

 

Sur tout un mur des façades de maisons traditionnelles ont été reconstituées avec leurs couleurs pastel et leurs décorations élaborées.

Les familles fortunées commandaient de grands services de porcelaines pour les repas de cérémonie comme celui-ci orné de motifs de phénix et pivoines sur fond blanc entouré d’emblèmes bouddhistes. Plus généralement la porcelaine peranakan est une association de couleurs vives, le rose, le vert citron, le bleu ciel et le marron clair sont les couleurs préférées et les motifs reproduits sont les symboles traditionnels chinois, le phénix (impératrice), les pivoines (richesse et honorabilité), les chauves souris (bonheur), les grues (longue vie).

Côté « bling » une section joaillerie nous offre par exemple ce « Pending quadrilobée » une boucle de ceinture en or ornée d’un motif stylisé de phénix et de pivoines.

Un artiste contemporain a crée cette série photographique qui met en scène trois générations d’une famille chinoise peranakan fictive. Dans chacune des cinq scènes le photographe Chris Yap a semé les indices de l’évolution des notions de culture et d’identité.

   

 On termine par un espace dédié aux enfants qui peuvent, entre autre choses, reconstituer une noce traditionnelle avec de vrais costumes.

« Baba bling » jusqu’au 30 janvier 2011 au musée du Quai Branly.