La fondation Beyeler présente jusqu’au 16 janvier 2011 :
Vienne en 1900 a été un des lieux de naissance de l’art moderne. A cette époque, cette ville célèbre par la culture, abritait une foule de compositeurs et d’artistes de cabaret, Freud et sa psychanalyse y prit son élan, la Wiener Werkstätte y multipliait les expériences novatrices, dans l’architecture, l’ameublement.
Margré le climat qui oscillait entre le progrès et l’humeur apocalyptique, cette période a été celle de l’éveil, du renouveau, d’une soif de création absolument dévorante.
Gustave Klimt
Beaucoup de dessins érotiques , au crayon et au fusain, mais aussi des toiles riches en peinture décoratif, où domine l’or, l’érotisme qui choquait ses contemporains, tout en ayant un double language, presque chaque toile comportait une crâne, une évocation de la mort, Eros et Tanatos.
Les poissons rouges, 1901/02
Les représentations de nus de Klimt ont fait scandale, surtout à son époque. Il renvoie ici la balle à ses critiques, en leur dédiant une de ses toiles les plus osées.
Goldfische offre une vue, coupée par le bord de l’image, quatre corps de femmes nues aux longs cheveux roux, blonds et noirs qui glissent comme des poissons à travers un monde maritime enchanté. Le titre initial « A mes critiques » fait allusions aux relations conflictuelles de Klimt avec la critique d’art et avec son public.
L’allégorie de la médecine, couvrant le plafond de la salle des fêtes de l’académie, était une réaction à l’accueil hostile réservé à ses tableaux des Facultés. C’est une femme nu qui plane qui semble s’envoler du centre de l’image vers la partie supérieure droite, un effet d’optique par le tracé vertical dynamique dans la zone des jambes et du ventre, l’effet d’aspiration vers le haut est encore renforcé par l’omission des mains et des pieds.
Judith II, 1909
Gustav Klimt a révolutionné l’image de la femme en la représentant d’une part sous les traits d’une « femme fatale », de l’autre comme une figure énergique et salvatrice : en effet, comme le raconte le livre de Judith des Apocryphes, Judith a sauvé le peuple d’Israël en tuant le tyran Holopherne, qui avait succombé à ses charmes.
Salomé 1905
Sur cette toile, Salomé, placée au pied du trône du roi Hérode, apparaît à peine vêtue de quelques voiles et de nombreux bijoux (influence classique); elle tient à la main une fleur coupée symbole de l’éveil de la sensualité.
Elle désigne de son doigt tendu la tête sans corps de Jean-Baptiste.
Le visage du saint, placé dans un halo de lumière,est entouré d’une auréole, conformément à l’iconographie la plus classique.
L’ensemble présente une abondance de détails précieux.
Cette apparition prend ici des allures d’accusation: à la fois séductrice magnifique et perverse innocente, Salomé est bien désignée comme responsable du sacrifice de Jean-Baptiste, dont elle a demandé la tête au roi Hérode.
En cette fin de siècle, la figure biblique de Salomé symbolise parfaitement l’identité de la pulsion sexuelle et de la pulsion de mort, intimement liées.
Cette figure négative et castratrice de la femme, à la fois désirée et redoutée, abonde dans l’œuvre symboliste. Moreau en donne ici sa propre vision, se démarquant par son style raffiné et surchargé.
Voir l’opéra de Richard Strauss et la danse des sept voiles
le Portrait de Wally Neuzil
Attersee, 1901
Les légendaires tableaux de paysages de Gustav Klimt ne présentent pas seulement les reflets colorés changeants de la nature, comme ici, sur l’Attersee ; leur profondeur est double : ce lac n’est pas seulement un plan d’eau, mais aussi le miroir de l’âme.
La Frise Beethoven 1902
(Reproduction photographique)
Cette frise a été réalisée pour la quinzième exposition du Pavillon de la Sécession qui s’est tenue du 15 avril au 27 juin 1902. Le thème de la frise est né de l’écoute de l’interprétation par Wagner de la IXe symphonie de Beethoven.
La spectaculaire peinture murale du bâtiment de la sécession viennoise, dont une maquette est visible dans l’exposition, est considérée comme un des chefs d’œuvre de Klimt. Dans cette frise, Klimt a transposé en images symboliques, par différents motifs la suite musicale :
« L’aspiration au bonheur, les souffrances de la faible humanité, les prières adressées par celle-ci à la force extérieure de l’homme vigoureux et armé et à la force intérieure de la compassion et de l’ambition, qui le poussent à s’engager pour le bonheur …
les puissances ennemies. Le géant Typhée, contre lequel les dieux eux-mêmes ont vainement lutté : ses filles, les trois Gorg
ones, Maladie, folie, mort. Volupté et impudicité. Intempérance. Souci dévorant. Les aspirations et les désirs des hommes volent au-dessus …L’aspiration au bonheur trouve son assouvissement dans la poésie. Les arts nous conduisent dans le royaume idéal, le seul où nous puissions trouver la joie pure, le pur bonheur et l’amour pur. Chœur des anges du Paradis : Ô joie belle étincelle des dieux » « Ce baiser de la terre entière » symbolisé par l’union charnelle d’un couple.