Gabor Ösz, un prix BMW Paris-Photo expérimental
Par Marc Lenot
La thématique imposée aux candidats au Prix BMW Paris-Photo décerné hier était la ‘vision électrique’, et ce fut évidemment la meilleure et la pire des choses : il y eut des lucioles, des scènes nocturnes et, bien sûr, une photographie de centrale nucléaire, mais il est révélateur, et réconfortant, que le jury, au lieu de couronner une photographie documentaire ‘ordinaire’, ait décerné le prix au photographe hongrois vivant en Hollande Gabor Ösz, qui, depuis des années, réalise un travail très novateur sur l’essence même de la photographie, recréant l’espace à partir du vide ou jouant sur l’opposition entre négatif et positif, dans une interrogation sur le réel. Une bonne partie de son travail porte sur l’utilisation de l’architecture comme sténopé et il a, en particulier, utilisé des bunkers de la ligne Todt, édifices d’observation aujourd’hui désaffectés, comme une camera obscura géante, enregistrant sur un film au fond du bunker la vision du paysage marin.
La photographie montrée ici est dans la même veine. Depuis une petite caravane transformée en camera obscura, Gabor Ösz a photographié des serres dans la banlieue d’Amsterdam: cette image est le résultat de quatre nuits d’exposition, passées patiemment à recueillir tous les photons possibles émanant de ces faibles sources lumineuses. J’écris ce billet rapidement, mais j’y reviendrai.