À vrai dire, l'annulation de l'édition 2008 de feu le Paris-Dakar met fin - provisoirement…- à un anachronisme. Le plus célèbre rallye-raid africain laisse un grand vide. Dans les colonnes des journaux, les programmes des chaînes spécialisées et leurs régies publicitaires s'entend. Pour le reste, je demeure persuadé que le Dakar n'aurait jamais dû survivre aux années 1980, qu'il incarne plus que toute épreuve sportive ou assimilée. Rappelez-vous, le départ sous la Tour Eiffel, le 1er janvier au matin, sous les yeux des fêtards nauséeux. Claude Brasseur ou Michel Sardou pontifiant au milieu du désert sur les vertus de la vie de bivouac et la chaleur des relations humaines entre concurrents. Les journaux hystériques produisant des cartes du parcours à ne plus savoir qu'en foutre, des portraits des concurrents à la pelle, tous plus "africains" les uns que les autres.
Le Dakar, c'est le tape-à-l'œil des années fric. Le dépaysement à la sauce eighties, à bon compte - cher tout de même pour les amateurs, très cher… C'est comme la Main Jaune, le Malibu, la petite musique du Top 50 présenté par Marc Toesca. Un machin fumant aujourd'hui hors contexte. La preuve, Paris s'en fout désormais comme de l'an 40. Il pourrait bien partir de Vierzon, Irkoutsk, Hochalaga-Maisonneuve que ce serait du pareil au même. Vous avez envie, vous, de reporter des vestes aux manches retroussées sur les avant-bras comme un chanteur de new wave fatigué ? Non, ben le Dakar, c'est pareil. Un vieux mirage des années 80 après lequel ne court plus grand monde, mais dont ceux qui l'ont vécu essaient encore de préserver, faute d'intérêt, un semblant de dignité. En plus, en ces temps de mise hors-la-loi de tout ce qui fume - à l'époque, les cigarettiers sponsorisaient même les voitures, si monsieur…-, le rallye n'est même plus politiquement correct. C'est vous dire le service qu'Oussama - alias le Spectre - et ses sbires ont rendu aux organisateurs du Dakar cette année…