Chaque fois que j’évoque mon métier de prof, la réaction est toujours la même : on me raconte des souvenirs de classe glorieux ou humiliants, un enseignant ridicule, sévère ou dépressif…
L’école est un sujet qui passionne et soulève de nombreuses polémiques. On voudrait que les choses changent mais on ne sait pas comment s’y prendre. Trois livres offrent un témoignage sur l’école d’aujourd’hui et proposent des pistes de réflexion.
Ce roman très doux évoque les années scolaires d’une petite fille particulièrement précoce, qui grandit dans une cité. Sa mère, malgré les recommandations des enseignants qui détectent dès la maternelle son intelligence exceptionnelle, refuse de lui faire sauter une classe, craignant que celle-ci ne tombe enceinte ! Malika grandit donc auprès de ses camarades, en complet décalage. Ses professeurs ne l’encouragent pas à se dépasser. Pourtant, un séjour assez long à l’hôpital lui donne l’occasion de découvrir la philosophie et Nietzsche en particulier… Grâce à ses résultats brillants, elle intègre une prépa puis l’ENA, fait la connaissance d’un garçon issu d’un milieu social bien plus favorisé que le sien. C’est cette rencontre qui déterminera son avenir. Elle a la possibilité de quitter le monde triste et étriqué auquel elle appartient… Pourtant, la situation n’est pas évidente. Malika est la preuve que l’on peut parfois échapper à son milieu par la réussite scolaire. Malgré une écriture simple, ce roman rappelle l’importance de l’intégration tout autant que l’attachement à ses origines.
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Dans cet essai, l’espoir et l’optimisme font place à la stupeur. Il ne s’agit pas d’un livre nostalgique d’une époque révolue ou qui, sans doute, n’a jamais existé. Iannis Roder témoigne d’une expérience de dix ans d’enseignement dans une ZEP de banlieue parisienne. Le premier point qu’il développe est le manque de vocabulaire et la difficulté des élèves à s’exprimer. Selon lui, ces lacunes engendrent violence et agressivité. Difficile, dans ces conditions, de mener un cours exigeant. Autre point sensible : le rapport à l’identité. Ces élèves refusent d’appartenir à la France. Enfin, l’absence de mixité est en grande partie responsable de cette réalité désespérante. Iannis Roder n’a pas de solution. Il décrit avec sincérité la difficulté d’enseigner auprès d’adolescents qui ne partagent ni le même langage ni les mêmes valeurs que lui.
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on achève bien les écoliers – Peter Gumbel
Pour finir sur une note positive, découvrez l’essai passionnant de cet anglophone qui enseigne à Sciences Po : Peter Gumbel. Celui-ci fait un constat simple : le système scolaire français brise les élèves au lieu de les encourager. Il démontre que, malgré leurs capacités intellectuelles évidentes, les Français obtiennent des résultats médiocres aux évaluations scolaires internationales. Ils seraient paralysés par la peur de l’échec. La Finlande est l’un des pays les plus cotés avec la Corée ou le Canada. S’intéressant à la Finlande, plus proche de nous, Gumbel compare les deux systèmes pour comprendre les écarts de niveau. En Finlande, la façon de concevoir le métier d’enseignant est très différente. D’abord, les étudiants sont mieux formés : pendant cinq ans, ils sont initiés de façon approfondie à la psychologie de l’enfance, à la pédagogie. Ensuite, ils sont mis en situation… Enfin, en classe, les enseignants ont de nombreux outils pédagogiques fournis par l’État qui prend soin de valoriser ce corps de métier. Le soutien et l’aide personnalisée sont au cœur du système finlandais. En France, quelques expériences mettant en œuvre ces méthodes ont été avortées : nous serions encore frileux à leur égard. Cet essai, loin d’être moralisateur, suggère des idées pour faire évoluer l’école en s’appuyant sur des techniques venues d’Europe comme des Etats-Unis.
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