Trash art ? Pop art ? Porn art ? Sous-culture ?
Emmanuel Proust !
Par son incommensurable laideur et par sa frontale vulgarité, la couverture de Les Couzes impressionne. Un choix aussi audacieux doit recouvrir des intentions esthétiques avant-gardistes. Un mauvais goût qui fasse autant "mauvais goût" ne peut être le fruit de l'innocence. Peut-on trouver dans le neuvième art une première de couverture qui fasse autant "arts plastiques" ? Quel portrait de l'Amérique va-t-on trouver derrière ces rotondités scintillantes ?
L'histoire de ce premier tome se révèle moins surprenante que ce à quoi on pouvait s'attendre. On se retrouve avec un road-movie redneck et sudiste où se prélassent les échos de tout un pan de la fiction étasunienne, dans lequel on trouve pêle-mêle les Ducs de Hazzard, Doux, Dur et Dingue, les frères Coen et les frères Farrelly, Preacher, etc...
La tonalité est résolument crétine et outrancière, avec quelques répliques réussies et d'autres moins ("J'avoue que j'apprécie pas qu'on puisse comparer mon noble fessier à un vulgaire donut"). Aux pinceaux, Jürg cherche encore sa voie, entre Mezzo et Vuillemin, avec pas mal de promesses et une belle marge de progression.
Malheureusement ce tome 1 est déjà paru depuis plus de 6 ans et les espoirs sont minces désormais de voir se boucler une trilogie. On ne saura jamais si les audaces promises auraient fini par se concrétiser. Consolation, l'histoire se tient assez bien en elle-même. Il faut dire que la révélation finale est largement éventée dès la moitié de l'album par tout lecteur attentif.
Les Couzes, tome 1, quelques exemplaires soldés rue Serpente. 5€.
Au fait "les Couzes" c'est une abréviation pour "les cousins". Je connaissais pas, j'ai encore appris quelque chose.