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Un nouveau monde

Publié le 18 novembre 2010 par Toulouseweb
Un nouveau mondeCette fois, les Chinois entrent vraiment en scčne.
Le salon de l’aéronautique de Zhuhai sert de plate-forme de lancement du C919, concurrent déclaré des familles A320 et 737. Les Chinois, tout naturellement, se sont réservés le scoop, une centaine de commandes, y compris, c’est un repčre important, celles signées par le loueur américain GE Commercial Aviation Services. Le C919, battant de vitesse le MS21 russe, est ainsi le premier challenger ŕ rompre le duopole Airbus-Boeing. Parallčlement, l’avion régional ARJ21 aurait déjŕ engrangé 300 commandes et ses responsables s’appręteraient ŕ s’attaquer sans plus attendre au marché international.
Le C919 est aussi le premier avion de sa catégorie ŕ ętre propulsé par des moteurs de nouvelle génération, le Leap-X1C de General Electric et Snecma, proposé par CFM International. C’est un départ sur les chapeaux de roues avec, en prime, l’apparition d’un biturbopropulseur, le MA700, qui va attaquer de front l’ATR 72. Pour autant que les Chinois trouvent le ton juste et appréhendent rapidement les us et coutumes du marché aéronautique mondial, ils sont susceptibles de remporter de belles victoires. Ce qui, paradoxalement, est peut-ętre moins vrai du MS21 russe (notre illustration).
Philippe Jarry, ancien directeur du marketing et de la stratégie d’Airbus, mélomane, décrit cette situation comme l’émergence d’un nouveau monde. Dčs lors, il conviendrait d’en parler avec, pour illustration sonore, la célčbre symphonie d’Antonin Dvorak. ŤLe monde aéronautique est en train de tremblerť, estime Philippe Jarry, formule qui résume mieux la réalité que les propos empreints de prudence et de diplomatie de ceux de ses anciens collčgues qui sont encore aux affaires. Pour faire court, les événements se précipitent et il s’avčre difficile, faute de recul, de les replacer dans leur juste contexte. On savait que rien n’est jamais définitivement acquis, que rien n’est gravé dans le marbre, et surtout pas en matičre d’aéronautique, en voici sans doute la preuve.
S’exprimant au récent Festival aérospatial de l’image et du livre de Blagnac, Philippe Jarry a utilisé une référence historique simple et brutale pour le rappeler : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Comet et Caravelle détenaient 100% du marché des jets, avant de s’effondrer. En 1970, les avionneurs américains étaient ŕ 97%, les Européens ŕ 3%...
Aujourd’hui, reste ŕ savoir s’il ne risque pas d’avoir trop d’appelés pour peu d’élus. Ainsi, dans le domaine des avions régionaux, face ŕ Bombardier et Embraer, autre duopole qui vient de s’écrouler, de grandes ambitions animent Antonov, Comac, Mitsubishi, Sukhoi. Les Pays-Bas espčrent pour leur part retrouver une place avec la renaissance du Fokker 100, doté de moteurs et d’équipements nouveaux.
Reste ŕ savoir si des compagnies aériennes libres de leur choix (ce n’était pas toujours le cas jadis) sont prętes ŕ se tourner vers de nouveaux fournisseurs qui doivent encore faire leurs preuves, construire une crédibilité. C’est loin d’ętre certain mais, lŕ encore, il est utile de s’en référer au passé et de rappeler qu’Airbus, lors de sa création il y a 40 ans, ne bénéficiait d’aucune légitimité, si ce n’était l’attrait technique de son tout premier appareil, l’A300B. Les débuts furent difficiles –c’est un euphémisme- et il fallut faire montre de beaucoup de persévérance pour obtenir de premiers succčs.
Dans cet esprit, ŕ n’en pas douter, l’édition 2010 du salon de Zhuhai fera date.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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