La globalisation du football est une source de richesse pour les clubs des « petits » pays qui peuvent « vendre » à meilleur prix leurs poulains et récolter plus de fonds pour chercher de nouveaux talents et se renforcer. À un niveau international, avoir ses joueurs évoluant dans les championnats européens permet, de plus, aux petites nations d’être plus compétitives lors des championnats du monde.
Selon les experts, les petits pays jouent chaque fois mieux et posent chaque fois plus de problèmes aux grandes puissances footballistiques. Il n’y a pas si longtemps que cela encore, il n’était pas rare de voir les sélections européennes ou sud-américaines écraser sous une avalanche de buts des équipes caribéennes, africaines ou asiatiques. Ainsi, en 1982, la Hongrie pulvérisa le Salvador avec un 10 à 0. Mais ces beaux jours appartiennent désormais au passé. Maintenant, sauf exception, les meilleurs équipes du monde ne gagnent que par un faible écart.
Comme l’explique Franklin Foer, auteur du livre How Soccer Explains the World : An Unlikely Theory of Globalization, les petites équipes jouent chaque fois mieux car la globalisation a fait en sorte que la concurrence soit plus équitable. Effectivement, le football est sans doute une des industries les plus mondialisées. Pourtant, jusqu’au début des années ’90, il s’agissait d’un des secteurs les plus protégés de l’économie. Les équipes européennes ne pouvaient engager qu’un nombre limité de joueurs étrangers, en général deux par équipe. Mais en 1995, un joueur belge, Jean-Marc Bosman, déposa plainte contre la Fédération française de football qui refusait de le laisse jouer en France. L’affaire arriva jusqu’à la Cour de Justice européenne, et Bosman gagna.
Selon Branko Milanovic, économiste de la Banque mondiale, spécialisé dans la pauvreté et auteur d’un essai intitulé « Globalization and goals : Does soccer show the way ? », l’affaire Bosman a changé l’histoire du football. Après l’arrêt de la Cour européenne, qui détermina clairement que les clubs français violaient le droit à la mobilité du travail consacré par l’Union européenne, les équipes de football européennes commencèrent à recruter chaque fois plus d’étrangers. Actuellement, bien que les quotas n’aient pas disparus, il existe des équipes comme le Chelsea de Londres qui ont joué parfois avec 9 joueurs étrangers, dont nombre de latino-américains et d’africains. Plus de la moitié des joueurs du Real de Madrid sont étrangers. Les équipes d’Arabie saoudite, du Costa Rica, du Japon ont eu des directeurs techniques brésiliens, alors que le Mexique a eu un entraîneur argentin, l’Angleterre, un Suédois, le Ghana, un Serbe, et l’Iran, un Croate.
Résultat : la différence entre les sélections nationales se réduit chaque année car le football devient chaque fois plus compétitif. Et même si le prix des meilleurs joueurs a considérablement augmenté, le solde de l’ouverture du marché footballistique est positif pour les petits pays. En effet, la globalisation du football est une source de richesse pour les clubs des « petits » pays qui peuvent « vendre » à meilleur prix leurs poulains et récolter plus de fonds pour chercher de nouveaux talents et se renforcer. À un niveau international, avoir ses joueurs évoluant dans les championnats européens permet, de plus, aux petites nations d’être plus compétitives lors des championnats du monde. Qui aurait pu imaginer il y a quelques années encore que la Corée du Sud, la Côte d’Ivoire ou le Ghana seraient des équipes à tenir en compte ?
Encore une fois, le salut des pays émergents passe par la globalisation.