Mélenchon fasciné par Attali

Publié le 18 novembre 2010 par Edgar @edgarpoe

 Fascination : "Attrait irrésistible et paralysant exercé par le regard sur une personne, un animal" (cf. trésor informatisé de la langue française).

 J'ai regardé ces échanges Mélenchon/Attali, sur le conseil de Fred Delorca.

Il en ressort une impression étonnnante. Mélenchon se tient bien dans l'ensemble, et démontre qu'il ne mérite pas le mépris dont l'accablent des Valls, Cohn-Bendit ou Huchon. Attali, qui, dans l'ensemble, a l'air d'un maître d'école regardant avec condescendance un mauvais élève se dépatouiller d'une récitation de leçon mal apprise, a parfois un regard étonné et amusé, l'air de dire "tiens, comment il sait ça lui ?" (autour de la minute 36, Attali explique que Mélenchon soulève un problème important avec une solution qui mérite considération).

Le problème pour Mélenchon est que, tout content de son travail de fond, visiblement entrepris avec passion, il finit par s'enferrer dans des débats techniques en concédant à Attali des points majeurs. Ce qui  l'amène par exemple, à la minute 45, à ne rien dire quand Attali explique qu'il faut, pour sortir de la crise, une solution d'emprunt européen (soit par la BCE, soit par un "trésor européen").

Autant dire que Mélenchon finit par réduire la crise à un prétexte pour faire avancer l'idée européenne, puisque dans les discussions suivantes Attali explique toutes les limites de cette idée d'emprunt européen. En réalité, dès que Mélenchon accepte le cadre européen il a perdu. Il se positionne immédiatement et de facto en faire valoir d'un centrisme qui se veut rigoureux (et qui l'est à peine, puisque Attali explique qu'il ne faut pas léser les marchés alors que Keynes souhaitait l'euthanasie des rentiers). Lorsque, plus tard, Mélenchon explique qu'il faut créer un pôle public bancaire, nulle allusion au fait que le cadre européen interdirait cela de suite.

Donc, sur une heure de débat, Mélenchon montre qu'il peut être brillant, éloquent et compétent.  Mais à s'enthousiasmer pour la technique et des détails de gestion, il finit par se perdre (en réécoutant l'échange on finit d'ailleurs par se demander si l'un ou l'autre a vraiment eu l'occasion d'expliquer réellement ses positions, tant les débats partent parfois dans tous les sens.) Détail amusant, un moment Attali évoque trois niveaux de solution à la crise : mondial, européen et national. Le national n'est jamais évoqué pendant l'heure de débats, ni par lui, ni par Mélenchon !

    De mon point de vue, la limite de Mélenchon n'est pas son populisme, il est au contraire extrêmement argumenté et cultivé. C'est en sens inverse un certain conformisme qui l'empêche, dans ce débat, de faire valoir une vraie différence avec son interlocuteur (en une heure de temps pas un mot sur l'idée que l'euro fort casse la croissance, pas une allusion !). Au final, l'un comme l'autre s'en remettent à un hypothétique accord à 27 sur une politique économique correcte pour sortir de la crise. Autant dire que cela n'ira mieux qu'après que l'économie française aura été suffisamment ravagée pour qu'on ne puisse plus faire que remonter...

Post scriptum : lire "défendre Mélenchon, l'affairede toute la gauche"...


Débat-Mélenchon-Attali
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