Quand un toro supplicié meurt dans l'arène, en fait il...euh... il ne meurt pas vraiment si tu vois ce que je veux dire...

Publié le 18 novembre 2010 par Taomugaia

Tu vas dire que je suis cinglé mais j'ai tenu à te donner à lire un édito, en grand complet, d'André Viard, taulier de Terres Taurines (revue bimestrielle et site) et parrain, diraient certains, du lobby tauromachique français.
Cet édito est paru il y a un peu plus d'une semaine sur le site de cette association et à sa lecture, je me suis bien gondolé.
Déjà, il laisse percer un réel désarroi que l'on peut faire remonter à la décision historique du parlement catalan de mettre fin à la corrida en juillet dernier, désarroi résumé ainsi : ça va aussi nous tomber sur la gueule à nous aficionados français, cette histoire là...
Ensuite, ce sentiment que les carottes sont cuites (à feu lent certes mais on sera patients) pour cette tradition abjecte oblige son rédacteur à rechercher des explications au rejet brutal et non anticipé de la corrida dans l'opinion publique.    
Et André Viard a décelé dans l'expression de la population française opposée très majoritairement à la corrida une grande incohérence.
Je te laisse donc découvrir de quoi il s'agit.
Ce que j'en dis, c'est que rendue à ce niveau d'analyse là, la clique tauromachique française est manifestement au bout du rouleau, ce qui est une excellente nouvelle !   

L'édito d'André Viard

"Le raccourci est certes un peu osé, mais tel est le travers des sondages : en offrant un instantané d'une situation S à un moment M donné, ils mettent en évidence, mieux que des théories complexes, les contradictions paradoxales de notre société.
Selon une enquête récente, 94% des français seraient donc favorables à l'élaboration d'une loi règlementant l'euthanasie, alors que selon un sondage plus ancien ils seraient 60% à cautionner l'interdiction des corridas. D'un côté la mort est revendiquée comme un progès, de l'autre elle est proscrite comme une barbarie.
Or, dans les deux cas, il s'agit bien sûr du même phénomène appréhendé différemment au regard de son propre ressenti, en vertu duquel est jugée intolérable la mort de l'animal dans l'arène, tandis que sont jugées intolérables les souffrances susceptibles d'accompagner celle de l'humain en cas de maladie.
Mais quelle maladie plus incurable que la vie elle-même dont l'issue s'avère fatale dans 100% des cas ?
Cette réalité inhérente à notre condition humaine, de plus en plus de nos concitoyens refusent de la regarder en face, comme si les effets maléfiques d'une modernité de plus en plus virtuelle se traduisaient par ce désir forcené de fuir l'inéluctable en se réfugiant dans une compassion universelle dont, par lâcheté, nous sommes le seul objet.
Refuser la mort du toro dans l'arène c'est faire semblant de croire à l'éternité de la vie, tandis que revendiquer l'euthanasie c'est refuser d'accepter l'idée que celle-ci peut se montrer cruelle."