Tous ceux qui ont vécu le FFCF étaient donc là. Les quelques membres masculins du staff, entourés de toutes ces femmes. Les membres des jurys, professionnel et étudiant. Et les spectateurs les plus assidus. Le festival aura beau avoir duré une semaine de moins qu’en 2009, celle-ci aura tout de même permis à chacun de se familiariser avec ses voisins de salle. Celle-ci n’était d’ailleurs peut-être pas pleine pour la clôture, mais elle l’était suffisamment pour montrer l’intérêt que chacun porte à ce festival. Il y eut moins de discours, même si l’inénarrable coréen de la compagnie aérienne Asiana, partenaire du festival, a pu placer un petit discours qui s’est montré populaire auprès des spectateurs (forcément enjoindre le Festival parisien à se montrer plus populaire que le Festival de cinéma coréen de Londres, se jouant à la même période, a boosté la salle).
La clôture du festival, c’est bien évidemment un film, aussi. L’année dernière, le FFCF s’était refermé dans la bonne humeur de Robot Taekwon V, une belle conclusion confirmant l’audacieux mélange des genres qu’avait été la manifestation. Cette année, force a été de constater que la diversité avait été moins recherchée, les programmateurs (hasard ou pas ?) ayant réuni des films qui avaient la particularité de tous s’attacher soit au social (la plupart des documentaires notamment) soit à des personnages paumés et en quête d’un but dans la vie. Du cinéma très mélancolique, voire amer, qui s’est confirmé dans le film choisi pour faire la clôture, Break Away.
Ce dernier film du FFCF 2010 suit deux garçons ayant déserté le service militaire pour des raisons personnelles qui ne nous sont pas révélées d’emblée. Ils deviennent vite les ennemis publics numéros 1 à travers le pays, avec flics et soldats à leurs trousses. Bien décidés à ne pas se faire attraper et à ne jamais remettre les pieds sur leur base, ils trouvent de l’aide en la personne de la petite amie de Hae-Joon, l’un des deux déserteurs. Mais combien de temps peuvent-ils tenir ainsi lorsque tout le pays semble les chercher ?
Là où le film devient intéressant, c’est dans sa seconde partie, lorsque la course-poursuite se calme. C’est vrai qu’à un moment, les voir se pointer un peu partout et trouver à chaque fois les flics qui leur courent après rapidement, ça devient lassant. Mais lorsque le film se pose, qu’il prend le temps de mettre les personnages face à leurs possibilités et à leurs choix plutôt que de les placer dans un mouvement prévisible, le réalisateur parvient à insuffler du caractère à l’œuvre. Bien sûr il eut été préférable de s’écarter de la facilité dans laquelle Break Away se complait parfois un peu trop, mais finalement un rythme et une voix se font entendre, une voix criant son agacement des institutions, des préjugés et d’un certain immobilisme sociétal. Une voix amère bien sûr, représentative du cinéma qui nous a été projeté une semaine durant à l’Action Christine.
Après Break Away, la lumière est revenue une dernière fois pendant ce Festival Franco-Coréen du Film 2010. Un festival qui se sera révélé intense en se resserrant sur une semaine, même si sur ce tempo, il passe bien trop vite et s’avère épuisant. L’année prochaine, je sais déjà que les fidèles reviendront. Et j’espère qu’ils seront encore plus nombreux.