Pour ne prendre que cet exemple, la question qu’un vrai journaliste aurait posé, en toute objectivité, aurait été, à mon avis, de cet ordre: “Coup sur coup, 3 journaux ou journalistes qui enquêtaient sur l’affaire Woerth-Bettencourt ont été victime de vols d’ordinateur. Selon vous, est-ce une pure coïncidence ?”. Il aurait pu même rajouter que cela survenait après le vol, il y a un an, de l’ordinateur, dans sa Mairie, d’un député socialiste membre de la commission d’enquête sur les dessous de l’attentat de Karachi, ordinateur équipé d’un GPS antivol qui n’avait jamais été activé après le vol, preuve que les voleurs connaissaient parfaitement ce qu’ils cherchaient. Ce qui dédouane déjà des lascars de banlieue.
Lorsque le Président affirme, toujours sur cette affaire, qu’il n’est pas nécessaire de voler les ordinateurs puisque les articles paraissent le lendemain dans la presse, un vrai journaliste aurait rétorqué que ce n’est certainement pas les articles que cherchaient les voleurs en service commandé, mais des indices sur les sources de ces articles…
N. Sarkozy affirme, devant des journalistes “politiques”, que la France, concernant le poids de la fiscalité, “a dépassé la Suède et le Danemark”. Ce qui est un mensonge éhonté, alors que “selon les derniers chiffres disponibles de la Commission européenne (voir ici), publiés en juin 2010, la charge fiscale globale représentait 42,8% du Produit intérieur brut (PIB), largement inférieure à celle du Danemark (48,2%) et celle de la Suède (47,1%)” (MédiaPart ). Il affirme que “La France, en solde, a créé 100.000 emplois l’an dernier”. Ce qui est faux car si 100 000 emplois ont bien été créés en France en 2009, 257 000 ont disparu… Cherchez l’erreur. Et pas un de ces journalistes professionnels qui moufte… Il affirme que la convergence fiscale avec l’Allemagne est nécessaire pour éviter les “délocalisations”, alors que celles-ci se font vers la Chine, le Viet-Nam et autres de l’est ou pays exotiques. Et aucun des trois ne relève…
M. Denizot, ami de longue date qui a co-écrit avec N. Sarkozy un livre “Au bout de la passion l’équilibre” en 1995, C. Chazal de TF1, la chaîne de l’ami Bouygues et D. Pujadas dont la durée sur France 2 s’explique par sa capacité à traiter très en douceur tout ce qui peut gêner le pouvoir. Quel panel de journalistes..!
Cet exercice convenu d’un Président savamment mis en scène avec le concours de faire-valoir est indigne d’une démocratie. Nous sommes, avec l’Italie, un des seuls pays démocratiques où la manipulation de la justice va réussir à étouffer l’affaire Woerth-Bettencourt, où des journalistes sont espionnés au mépris de la loi et où des officines au service du pouvoir leur volent impunément leurs outils de travail… Cet exercice de style aux ficelles grosses comme des cordages constitue une insulte à l’intelligence.
Les USA, malgré tous leurs défauts, ont eu le Watergate qui a abouti à la destitution de R. Nixon. Pour des affaires du même niveau de gravité, nous avons un triste spectacle applaudi par les veaux et les obligés du gang du Fouquet’s.
Pauvre France…
- Mensonges sarkoziens. Déchiffrages, L’Elysée côté jardin,
- “Affaire Karachi : la bombe Millon”. NouvelObs. Voir aussi Le Monde. Que cette affaire, qui est cause de 11 morts français, pue…
- Big Brother. Selon le Canard Enchaîné, ce ne sont pas moins de 28 000 “fadettes” (factures téléphonqiues détaillées permettant de savoir qui à téléphoné à qui, quand et combien de temps) qui ont été demandées aux opérateurs par les services de renseignement français depuis le début de l’année 2010, soit une augmentation de +25% par raport à 2009. Et la plupart au mépris de la loi ?
- “Intérêt national et clientèles électorales”. Edito du Monde. “Or, c’est à ces deux “clientèles”-là, presque exclusivement, que s’est adressé le chef de l’Etat. Les réformes des retraites, de la dépendance ou de la fiscalité sont bien entendu des enjeux nationaux. Mais qui sont leurs bénéficiaires éventuels ? D’une part les personnes de plus de 60 ans (qui sont à la retraite ou en approchent et qui sont confrontées à la prise en charge de leurs parents plus âgés), d’autre part ceux qui bénéficient d’un patrimoine ou de revenus éligibles à l’impôt de solidarité sur la fortune ou au bouclier fiscal, soit moins de 600 000 foyers fiscaux”.