Biographie de Michel Ancel

Si vous vous intéressez un tant soit peu à la stratosphère vidéoludique, vous devez certainement connaitre les Editions Pix'n'Love, spécialisées dans les mooks (à cheval sur le livre et le magazine). Dans le cas contraire, on aura au moins permis de réparer cette erreur et comblé une grosse lacune dans votre culture de gamer. Leur message est on ne peut plus clair : ils "souhaitent contribuer à ce grand mouvement culturel par l'apport d'ouvrages pertinents et richement documentés". Près d'une vingtaine d'éditions sont déjà disponibles, allant de l'Histoire de Nintendo en passant par Les Cahiers du Jeu Vidéo ciblant un genre bien précis, mais aussi sur certains grands noms du jeu vidéo comme Gunpei Yokoi. Début novembre, ils nous faisaient parvenir leur dernier bébé fleurant bon le chauvinisme puisque dédié à un concepteur hors norme, totalement en marge d'un système basculant de plus en plus dans le capitalisme et occultant l'esprit purement artistique et créatif du médium. Si les noms de Jade, Rayman, Beyond Good & Evil ou des Lapins Crétins vous semblent familiers, c'est que Michel Ancel vous a déjà vampirisé. Pas encore mordus du bonhomme, vous le serez certainement après. Dans tous les cas, sa biographie concoctée par Daniel Ichbiah en collaboration avec Sebastien Mirc devrait mettre tout le monde sur un même pied d'égalité et confirmer tout le bien que l'on peut penser du personnage.

Véritable travail de fourmi et d'inspection entrepris par les journalistes tant on sait le personnage secret et loin des projecteurs, cette biographie se dévore purement et simplement. S'étalant sur pratiquement 200 pages, elle retrace la vie d'un artiste, celle de quelqu'un qui, en bon gaulois, est tombé dedans quand il était tout petit et qui n'a jamais perdu sa farouche volonté de ne pas céder aux sirènes du mercantilisme (et cela même si le projet pharaonique d'un King Kong peut en faire douter). Regorgeant d'anecdotes aussi drôles (sa distinction aux côtés de Miyamoto) que parfois rocambolesques (on pense notamment à toutes celles exposant la façon de travailler de Jacques Exertier, proche collaborateur d'Ancel), le mook ne donne pas dans l'adoubement gratuit d'un Français doué, il explique comment le personne s'est façonné au gré du temps et a indiciblement mis une grosse partie de lui-même dans chacun de ses projets, que ce soit les tout premiers sur Atari ST ou Amiga 500 que par la suite avec le succès qu'on lui connait. Parmi les intervenants, ce sont bien évidemment des gens très proches d'Ancel comme sa soeur ou Nicolas Choukroun, ou bien quelques pontes comme les frères Guillemont d'Ubisoft qui ont su donner sa chance à notre concepteur dans sa jeunesse. Et au cours des pages qui défilent tels des niveaux de Rayman, on est happé par l'humanité qui transpire des pores d'Ancel. D'ailleurs, les diverses étapes du développement et la genèse de ses jeux comme King Kong ou Beyond Good & Evil témoignent de cette volonté de s'impliquer personnellement et d'y laisser une part de ses rêves, un peu comme si Michel laissait un Horcruxe dans chacune de ses productions.
Vouloir trop en dire sur la biographie serait vous priver du plaisir qu'elle procure à la lecture, que ce soit au niveau des interviews sans langue de bois, des planches de visuels inédites, des anecdotes et bien plus encore. Que vous aimiez ou non Michel Ancel n'a au final que peu d'importance, vous apprivoiserez un peu plus la bête avec le mook. Il va sans dire que sa lecture est fortement conseillée, et les Editions Pix'n'Love se dotent une fois de plus d'un volume indispensable pour tout amateur de jeu vidéo.

Pour plus d'informations, nous vous conseillons fortement le site officiel.