Le principal événement de la semaine, vous l'avez bien sûr remarqué, c'est la trombine du Dieu Jimbo le fundraising pour le bien des poches divines de Wikipédia. Car les serveurs qui nous permettent de prendre plaisir à partager connaissances, savoirs et trolls, sont extrêmement gourmands, et pas seulement en ressources techniques. Les médias ont naturellement fait part de cette campagne planétaire. Le journal économique L'Expansion précise ici que la Wikimedia Foundation a pour objectif la levée de 16 millions de dollars (soit 11,5 millions d'euros environ, comme l'indique ActuaLitté.com), ce qui constituerait le double de la collecte de l'année précédente. Pour rappel, et l'Expansion le précise, ces fonds ont pour objectif le maintien (et même le développement, un second serveur étant à l'ordre du jour) des potentialités techniques des sites, dont l'audience, nous informe Clubic, a doublé depuis 2007, ainsi que, effet indirect relevé par Slate.fr, la préservation de l'indépendance économique et donc éditoriale des projets Wikimédia1.
L'autre fait marquant de ces derniers jours, c'est l'attribution du Prix Goncourt à Michel Houellebecq pour son roman La Carte et le Territoire, qui était pourtant soupçonné de comporter, souvenez-vous, quelques passages "inspirés" - dirons-nous poliment - d'articles de Wikipédia. Cela fait certes un petit moment, mais je n'avais pas encore eu l'occasion d'en parler, sinon sur l'antre du Vice sur Internet. Et, en fait, je n'ai pas grand chose à en dire de plus que ce titre du Post (oui, je sais, pas terrible comme référence), qui... plagie d'ailleurs un tweet de Maître Eolas. Je m'étais proposé pour aller chercher le prix chez Drouant au nom des Wikipédiens, mais il n'y a pas eu de suite. Dommage (pour mon estomac, principalement).
Je ne sais pas si vous avez remarqué mais, maintenant que Wikipédia est si bien entrée dans l'esprit et les réflexes des internautes, fleurit automatiquement l'expression "c'est le Wikipédia de (du)" dès qu'un nouveau projet collaboratif pointe le bout de son nez. Deux exemples récents, respectivement rapportés par WebActus et le site web des Échos : SocialCompare, le "Wikipédia du tableau comparatif" - qui vise à l'établissement collaboratif de tableaux de comparaison d'objets" au fur et à mesure des sorties et avancées technologiques" - et Blekko, le "Wikipédia du moteur de recherche" puisque ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui peuvent définir les paramètres techniques visant à améliorer les recherches sur la Toile. Honnêtement, c'est assez flatteur. Et montre que le terme "Wikipédia" s'est pratiquement substitué à celui de "wiki" pour incarner in extenso le monde de la collaboration libre en ligne. Je n'exagère presque pas
. En réalité, est surtout illustré le fait que, quel que soit le futur destin de Wikipédia, ce projet aura marqué son temps, et restera comme un symbole. Du libre notamment, comme le relève StarAfrica.com.Enfin, je terminerai, une fois n'est pas coutume, sur un champ plus large que Wikipédia et en me dirigeant vers la presse écrite : le journal Le Monde a publié, dans son édition datée d'aujourd'hui (mercredi 17 novembre), une "contre-enquête" intitulée : "l'esprit du Web est-il mort ?". Je vous en recommande la lecture, même s'il n'y est pas question de Wikipédia. L'article me semble être un bon état des lieux des enjeux actuels concernant le Web, avec les interrogations appropriées sur le monde du libre et la supposée perte de "l'esprit des pionniers" liée à l'apparition des nouvelles technologies, comme l'iPod, ou le changement de comportement, vers une direction beaucoup plus consumériste, des internautes. Même si Tim Berners-Lee, interviewé, se montre plutôt optimiste. Bonne lecture !
1. Étant donné que, faute de financement suffisant, la Foundation risque de se tourner vers des acteurs économiques.