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La batisse

Par Arielle

batisse

Elle était en retrait du chemin, attendant

En silence, impatiente de s’ouvrir à la vie,

Comme le ferait l’onagre dans le soir éclatant.

Elle espérait le jour, elle espérait la nuit,

Scintillante beauté au regard envoûtant,

Dont les fenêtres closes amenaient à l’esprit,

L’envie de ce repos qui naît des grands tourments.

Je me rappelle encore ce sentiment de paix,

Quand mes pas hésitants m’ont conduit jusqu’à elle,

J’ai regardé longtemps ces albâtres muets

Décorant sa façade de leurs formes si frêles.

Allumé tous mes sens aux senteurs parfumées,

Entr’ouvert cette porte sur une vie nouvelle,

Et percé la pénombre des silences apaisés.

Je ne suis pas resté en ce lieu de quiétude,

Où je croyais pourtant avoir trouvé l’espoir,

De serrer autre chose, que cette solitude

Qui brûle dans mes veines, quand arrive le soir.

Que n’ai-je su prédire de cette certitude

La jeunesse éphémère, qui brûle les miroirs,

La jeunesse éphémère, qui vit d’incertitudes.

Quand j’y suis revenu, trente ans avaient passé.

Elle est encore debout, en retrait du chemin.

Sa façade vieillie alors vous fait penser

Aux drames et aux passions quand passe le destin.

Ses fenêtres fermées ne laissent plus rien filtrer

De ces années brûlées, à chercher son chemin,

Et sa porte dégondée claque au vent des regrets.

Je m’avance, lentement, vers ce qui a été

Comme une ligne de vie à travers la pénombre.

Je n’ose pas entrer, de peur de réveiller

Les douleurs du passé quand tout redevient sombre.

Je m’ouvre à ce silence qui m’invite à danser,

Ecoute les chimères qui chuchotent dans l’ombre,

J’attends qu’elle se souvienne et me dise de rester.

Dabat.D/ 2010 << clic pour voir tous les poèmes de Didier Dabat


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