L’exposition “France 1500, entre Moyen Age et Renaissance” bat son plein au Grand Palais à Paris. Elle présente les différentes facettes de l’explosion artistique de cette époque charnière et s’attarde sur ses déclinaisons régionales. Les merveilles exposées sont nombreuses et variées, peintures, sculptures, vitraux, tapisseries, émaux, orfèvreries, mobilier... Beaucoup de choses à voir dans un parcours agréable et aéré.
Et le livre me direz vous? Il se taille en quelque sorte la part du lion. Une quarantaine de manuscrits enluminés s’offrent à nous. Le domaine du livre ayant été très encouragé par le roi, citons parmi les enlumineurs les plus célèbres Jean Fouquet, Jean Poyet ou Jean Bourdichon auteur des Grandes Heures d’Anne de Bretagne dont parle Proust dans sa “Recherche”. Les artistes locaux sont représentés par Jean Pichore à Paris, l’extraordinaire Jean Colombe à Bourges ou par exemple Robinet Testard à Cognac. L’exposition ménage aussi une place à la “révolution de l’imprimerie” et à l’apparition de la gravure dans les livres imprimés qui cohabitent avec l’enluminure.Tout d’abord dans les livres d’heures où se retrouvent peintres et enlumineurs déjà connus. Ces livres combinent gravures sur bois et gravures sur métal (cuivre probablement). Dans les deux cas il s’agit d’une gravure en relief et d’une impression typographique. On retrouve le style de l’enlumineur Jean Ypres dans la production de Simon Vostre imprimée par Philippe Pigouchet.
Parmi les incunables présentés “la mer des hystoires” parait être le plus impressionnant. Ce grand in-folio sur vélin fut imprimé à Paris en 1488-1489 par Pierre Lerouge pour Vincent Commin. Enluminé, il est le premier des livres imprimés entré dans la bibliothèque du roi Charles VIII.La gravure en feuille est plus rare en France qu’ailleurs et mal connue. Trois de ces grandes images xylographiques rehaussées sont présentées ainsi qu’une quatrième collée au fond du couvercle d’un coffret. Il semble finalement que ces coffrets dits “de messager” aient été destinés à servir d’écrin à des livres. A côté de la production parisienne de ces images, l’exposition présente des planches reconstituées des cartiers lyonnais. La reliure de l’époque est représentée par un petit échantillon de cinq livres dont un couvert de damas rouge vers 1508-1512. Comme le précise le catalogue les reliures aristocratiques étaient le plus souvent constituées ou recouvertes de textiles précieux, velours, satins, soies, damas, tissages le plus souvent, plus rarement broderie. Les quatre autres reliures, dont deux de l’atelier de Simon Vostre, font appel à l’estampage à froid et à l’apparition de la dorure.
Mais vous ne quitterez pas cette exposition sans remarquer l’omniprésence du livre dans la représentation sculptée ou peinte. En particulier cette reliure aumônière de cette Vierge à l’enfant (Notre-Dame de Grâce) de Toulouse. Le catalogue de l’exposition, grand in-4° carré de 400 pages est abondamment illustré et scientifiquement rédigé. Toutes les photos de ce billet en sont issues. Il est destiné à tous les amateurs qui ne pourront pas s’offrir le livre d’heures par le “maître de Liénard Baronnat” (Paris 1500, justement) en vente chez Tajan le 17 novembre . Lauverjat Merci Lauverjat,H