Faire tapisserie avec Vuillard, je veux bien.
Le spécialiste (à ma connaissance) de la peinture des “imprimés” reste Édouard Vuillard.
Lui aussi aime l’effet de saturation. Ses scènes sont très souvent “intérieures” comme ici ; des salons cossus, chargés. La tapisserie y est fleurie, allègrement, le canapé et les coussins de tissus épais, aux motifs géométriques et aux couleurs pas vraiment “raccord”, comme les différents motifs des tapis superposés.
Et les femmes se distinguent à peine de cet environnement plein de tissus, de textures épaisses et lourdes, enroulées dans leurs robes et corsages imprimés, eux-aussi. Seule la tache claire d’un visage ou d’un bras nous signale leur présence.
Elles se fondent dans le décor. Yeux baissés vers une lecture, modestes, elles appartiennent à leur intérieur, font corps avec lui.
Ce n’est peut-être pas très flatteur, mais que c’est beau !
Édouard Vuillard, La lectrice, 1896.