Volatile

Par Arielle

Toutes ces croix impersonnelles, alignées, blanches comme la pureté, pour nous rappeler tant de souffrances.

Tu étais juive, belle sœur d’une infirmière sur le front. Ils ont monté les marches en bois, faisant claquer leurs bottes sataniques, animés par la rage, la fureur, les ordres du Führer. Ils sont entrés, ils t’ont emmenée sous le regard médusé de Charles, ton frère, mon mari. Nous ne t’avons jamais revue.

Nous ne cherchons même pas ta tombe, nous savons bien de quelle façon tu as dû être incinérée.

Cette guerre qui déchire : au nom de qui, au nom de quoi ?

Tu reposes forcément quelque part, je t’invoque, je te prie parfois. Tes cendres doivent sillonner la stratosphère, tu dois briller de mille paillettes pour que je te ressente avec autant de force.

Ils ont brûlé ton corps mais tu vis encore.

J’espère que tu as trouvé la paix.