Si le chemin d’une nouvelle croissance, plus durable, plus responsable, semble chaque jour un peu mieux tracé, il donne aussi la mesure des responsabilités qui s’imposeront aux pouvoirs publics dans les années à venir – à l’échelle nationale, voire européenne, mais aussi dans chaque territoire.
Pour ne citer que quelques grandes orientations :
- favoriser l’évolution des mentalités en contribuant à l’information du grand public sur les voies de recherche, les initiatives, les techniques, les produits et les services les plus prometteurs ;
- développer la formation
- en accordant une place accrue au développement durable dans toutes les filières scolaires, donc aussi dans la formation des enseignants eux-mêmes
- et en incitant à la mise en place de cursus dédiés ;
- sensibiliser les consommateurs à l’achat responsable ;
- responsabiliser les distributeurs quant à leur politique vis-à-vis de leurs fournisseurs ;
- agir directement sur les producteurs à travers les marchés publics ;
- soutenir la recherche et le développement sur les technologies d’avenir au moyen de dispositifs sélectifs – à réorienter ou à mettre en place ;
- encourager l’exploitation des synergies au niveau territorial :
- par l’incitation directe aux politiques d’économie concertée ;
- en favorisant à tous les niveaux le rapprochement des acteurs – experts et décideurs – et l’expérimentation locale ;
- permettre aux salariés une véritable mobilité professionnelle en impliquant les acteurs politiques et sociaux dans l’élaboration de dispositifs de soutien et d’accompagnement durable.
Dans tous ces domaines, l’évidence s’imposera vite : l’impulsion, le soutien ou la participation directe des pouvoirs publics seront indispensables.
Les esprits sont-ils assez mûrs pour leur reconnaître ce rôle, alors que beaucoup d’entrepreneurs éprouvent une méfiance instinctive à l’égard de l’intervention publique et de ses lourdeurs ?
Le rapport, déjà évoqué, présenté par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris semble, sinon le suggérer, du moins le supposer (lien vers le rapport Karpeles).
Il est vrai que la crise économique et financière a contribué à faire prendre conscience à tous de la fragilité de notre modèle de croissance. Elle aura aussi montré, mieux que n’importe quelle crise auparavant, que les grands enjeux économiques sont aujourd’hui planétaires. Nous sommes entrés, sans doute pour longtemps, dans un monde de vigilance.
Qui plus est, chacun aura pu voir les plus grands Etats prendre leurs responsabilités et s’impliquer fortement, avec des résultats inégaux mais avérés, pour limiter les effets de la crise.
Certes, leurs finances en sont aujourd’hui affectées d’autant – et celles de la France plus que d’autres. Mais ces orientations de l’action publique sont loin de générer toutes de nouveaux coûts, et la plupart d’entre elles ne sont rien d’autre que des investissements rentables dans l’avenir. En outre – il est permis de l’imaginer – les esprits sont sans doute mieux préparés qu’auparavant à reconnaître aux pouvoirs publics le rôle qui leur appartient pour créer les conditions d’une croissance durable.
Espérons que, par-delà les contingences politiques, l’impératif de cette nouvelle croissance puisse devenir un fil conducteur privilégié des stratégies économiques poursuivies.
Trop optimiste ? Allons donc. Réaliste, simplement : avons-nous d’autre choix ?