(Photo LOF - Jujubes du Sahara, ou de Berbérie)
Quand j’entends le mot publication scientifique, je sors mon manuel de marketing.
Médicinale citée par le Coran (Ibn Quayyin Al-Gawziyya), mais aussi mauvaise herbe qu’on exterminait, les chercheurs méditerranéens, depuis longtemps sur le sujet, nous ont appris en 2010 que le jujube du Sahara ou jujube de Berbérie (ziziphus lotus Desfontaines, ex Rhamnus lotus qui s’écrit depuis le XV° siècle indifféremment "ziziphus" [200000 occurrences google] ou moins fréquemment "zizyphus" [130000 occurrences google]) contient
- de puissants antioxydants (Zizyphus lotus L. (Desf.) modulates antioxidant activity and human T-cell proliferation),
- des composés phénoliques,
- de puissants antibactérien « rich in anti-Gram-positive phytochemicals including alkaloids in addition to their considerable content of antioxidant flavonoids”,
- « qu'ils pourraient être source d’un apport nutritionnel important»
Comme pour la grenade et les autres fruits des zones inhabitables, le marketing de l’orange fait toujours recette, voici le jujube fruit salvateur.
(Photo LOF - à maturité le fruits se comporte comme une datte, il devient onctueux, sucré et se ride)
A. de Candolle (Origine des plantes cultivées) avait bien résumé ce qu’on peut penser de ce jujube des zones arides dont le principal intérêt est de faire des haies barbelés impénétrables :
« Le fruit de ce Jujubier Lotus ne mérite pas d'attirer l’attention, si ce n'est au point de vue historique.
C’était, dit-on [Desfontaines en aurait donné la preuve], la nourriture des Lotophages, peuple de la côte de Lybie, dont Homère [Odyssée : le fruit ferait oublier l’amour de sa patrie, d’où cette vérification expérimentale de l’effet sédatif] et Hérodote ont parlé avec plus ou moins d'exactitude.
Il fallait qu'on fût bien pauvre ou bien sobre dans cette contrée, car une baie de la grosseur d'une petite cerise, fade ou médiocrement sucrée, ne contenterait pas des hommes ordinaires. »
(Photo LOF - à ce moment les fruits tombent, ce qui en facilite la récolte car le buisson est très épineux)
C’est Athénée qui dit que les anciens égyptiens faisaient une farine de jujube sans préciser de laquelle (« une partie écrasée avec de la farine est conservée dans des vases pour l'usage des serviteurs ; le reste, dépouillé de son noyau, est préparé de la même manière et sert à la nourriture des maîtres ») et aussi une sorte de vin qui devient dans d’autres textes une liqueur.
(Photo LOF - il nous reste a essayer la liqueur ou vin dont parlent les anciens)
On peut dire que la forte variabilité des jujubes de culture constatée par Polybe (pour faire la liqueur il fallait trier les fruits) est toujours vraie :
certains fruits restent amers, d’autres rarement sont doucereux en surmaturité,
mais - contrairement à ce qu'écrit de Candolle fils - quand elles sont bonnes, elles sont vraiment bonnes (sucrée, savoureuses).
Dans aucun cas, nous n’avons rencontré un fruit pulpeux comparable au jujube chinois.
Le vrai progrès serait d’en faire une sélection variétale, autrement dit un bon vrai fruit.
(Photo LOF - jujubes des Lotophages, très productives, dans le verger des désertiques)