“Toute l’astuce était de laisser déballer les sornettes des amateurs de balivernes, avant d’entrer dans la grande illusion. […] Il respectait toujours des temps de pause entre ses bouts de phrases, Pasoline. Ça donnait une ampleur dramatique au récit et faisait saliver l’auditoire. Mais ces silences pesés avaient une autre raison : ils laissaient le temps au petit génie qui vivait sous son chapeau d’escalader les sommets de l’esbroufe. […] Il était épicier, Pasoline. Épicier et menteur, de ces petits mensonges qui font le sel des conteurs. Simples retouches utiles à la vérité pour ajouter aux choses juste ce qui leur manquait.
Il faut bien admettre qu’il y avait des niveaux pour le mensonge, une certaine souplesse pour la vérité. Sur le seuil, on pouvait mettre la fierté, s’y trouvaient les souvenirs de guerre à peine exagérés. La vantardise venait après, c’était bien pour le sport. Puis arrivait l’affabulation, parfaite pour la chasse, la pêche ou la séduction. Au-dessus on trouvait la tromperie, qui mettait la politique et la religion en compétition et, au-delà, le sacrilège.”
In Ménino de Max Santoul, Le cherche midi, 2010
Max Santoul est un conteur ensorcelant.
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Lectori Salutem, Pikkendorff
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