Attention ! Femmes au foyer désespérées, s'abstenir au risque de mal tourner...
Ce texte peut devenir harassant tant le mal être des héroïnes en question est suggéré avec justesse.
Ce livre est gris comme la pluie qui tombe dans ce coin de banlieue huppée de Londres.
Il vire au noir lorsque des éclairs de lucidité traversent les âmes de ces cinq femmes noyées dans l'ennui de leur morne quotidien.
Il explose en rouge quand elles font éclater leurs colères trop longtemps contenues.
On peut parfois y apercevoir du vert, mais ce n'est pas celui de l'espoir, c'est celui de la rage.
J'imagine en effet ces personnages féminins avec un teint olivâtre tellement elles semblent malades de rancunes, contres elles mêmes, leur mari, le monde entier.
Quand elles en viennent à considérer le sort de l'humanité à l'aune de leur condition, elles n'épargnent plus rien ni personne. Elles sont trop pleines de déceptions, de fatigues, de frustrations ou de vide.
Mais ces temps de réflexion et de retour sur soi sont très brefs et bien rangés dans leur for intérieur. Ils n'ont pas la place de s'épanouir parce qu'ils restent coincés entre les trajets de la maison à l'école, du supermarché au frigo de la cuisine, du jardin public au salon pour un café entre voisines.
Voilà un livre bien saignant sur une certaine condition féminine dans un milieu favorisé.
On se prend à y chercher quelques vestiges de pensées féministes comme on le ferait au fond d'un sac à main :- " Mais où avons nous bien pu mettre nos aspirations à l'égalité des sexes ? Nous les aurait-on volées ? Les aurions nous égarées ? "
De très beaux passages descriptifs des lieux comme des âmes révèlent un regard acide et acéré qui m'a convaincue.
"Maintenant, des enfants plus âgés entraient dans le parc : des groupes de filles pubères avec de longues queues de cheval, de grands garçons maigres, la cravate de leur école défaite, des terminales parlant au téléphone. Leurs corps semblaient lutter contre leurs vêtements. Il faisait froid, mais la plupart portaient leurs manteaux et leurs chandails sur le bras, leurs chemises dépassant de la ceinture, le col déboutonné. C'était comme s'ils étaient faits d'une substance à laquelle les vêtements refusaient d'adhérer. Les filles poussaient des cris aigus, secouaient leurs cheveux et parlaient avec excitation tout en marchant. Elles criaient comme si tout les chatouillait; comme si le monde entier les chatouillait et assaillait leurs formes sensibles agitées de contorsions. Les terminales traînaient les pieds, dos voûté, et remuaient les lèvres, collés à leur portable. "
La critique d'André Clavel pour L'Express,
celle d'Hubert Artus pour Rue 89, de Karine Papillaud pour Le Point ou de Stéphanie Verlingue pour Benzine magazine,
Nicolas n'a pas aimé,
Thomas Flamerion rencontre l'auteur autour de ce titre sur evene,
Miss Orchidée est déçue, Thomas aussi,
Un bémol dans l'enthousiasme de Philippe Sendek, aucun dans celui de LBESR,
Je crois avoir compris que la rédactrice de confessions d'une lectrice n'a pas vraiment apprécié... Sally's songs a par contre beaucoup aimé,
Pour d'autres avis de blogueurs voir... Madame Charlotte ;)