Bassin d’arcachon : les huîtres toujours en péril

Publié le 16 novembre 2010 par Bordeaux7
Alors que les fêtes de fin d’année approchent et que les grosses opérations commerciales s’annoncent pour les ostréiculteurs, la filière traverse toujours une crise majeure. Débarrassés depuis début 2010 du fameux test «souris» qui avait engendré des interdictions à répétition de vente d’huîtres sur le bassin d’Arcachon depuis 2005 et sérieusement mis à mal les entreprises, les ostréiculteurs ne sont pas pour autant tirés d’affaire. Ils doivent en effet également faire face à la surmortalité des jeunes huîtres. «Au lendemain de la disparition du test souris et de la mise en place du test chimique, nous avons été rattrapés par la mortalité des huîtres qui impactent dangereusement nos stocks et nos stocks c’est notre monnaie d’échange», souligne Olivier Laban, président du comité régional de la conchyliculture. Pour faire face à ce phénomène anormal, un plan de réensemencement élaboré avec l’Ifremer et les écloseries a été mis en place avec des huîtres dites «R» (comme Résistantes). «Il s’agit d’un programme de sélection génétique qui consiste à créer des huîtres capables de résister au virus présent dans le milieu», explique Olivier Laban. Mais alors qu’il était considéré comme une véritable solution à la surmortalité des naissains, ce plan n’a pas porté ses fruits et n’a pas répondu pour l’heure aux attentes de la profession. En effet, tout d’abord le compte n’y est pas car les pontes ne sont pas suffisantes. Dans le cadre de ce programme, les écloseurs devaient produire entre 1,5 et 3 milliards de naissains «R» à partir des souches fournies par l’Ifremer mais finalement seul un milliard est atteint. Quant à la moitié des naissains restants, présentés comme résistants, une partie est également décimée. «Nous ne savons donc pas aujourd’hui si nous avons intérêt ou pas à continuer ce programme. Aussi, nous demandons la suspension du programme de 2011 en attendant de connaître le bilan 2010 et le pourcentage exact de mortalité dans le cadre du protocole mis en place cette année. Il faut pour cela attendre les mois de mai-juin qui sera une période critique (avec des hausses de température qui favorisent traditionnellement l’éclosion du virus) pour savoir si nous avons des huîtres résistantes ou pas». La direction départementale des territoires et de la mer accompagnée de l’Ifremer doit donc conduire des investigations auprès de chaque écloserie afin de connaître l’ampleur du phénomène.
Parallèlement à ce plan de réensemencement, l’Ifremer étudie une nouvelle alternative avec l’introduction de souche d’huîtres japonaises afin de tester leur résistance au virus. «Si c’est le cas nous devrions le savoir d’ici deux mois. Et si elles résistent, nous pourrions revenir à un état des stocks d’ici deux ans», précise Oliver Laban. En attendant, les 350 entreprises conchylicoles restantes sur le Bassin d’Arcachon, contre 1000 dans les années 80, vont devoir augmenter leur prix en cette fin d’année de l’ordre de 30 à 40%. •
Stella Dubourg’îé