Epinglé par un article de "la Tribune" du 15 novembre qui a souligné que la rigueur salariale ne le concernait pas vraiment (+ 51% d'augmentation de ses rétributions depuis qu’il est élu maire, rien que ça ! ), Delanoë a réagi comme il le fait toujours : en parlant de mensonges. Rien de bien original car, pour lui, il y a deux catégories de journalistes : les thuriféraires et les menteurs.
Mais devinez qui est le vrai menteur ?
Pour tenter de prouver qu’il n’a pas augmenté ses revenus de ces fameux 51%, le maire que le monde entier ne nous envie pas profère en effet trois contre-vérités : une finaude, une incroyable et une pitoyable.
1 - Le mensonge finaud tient dans ce passage de son communiqué de presse qui joue sur les dates :
« Conformément à la loi, les éléments de rémunération du maire de Paris sont fixés par une délibération du Conseil de Paris dans les trois mois qui suivent son élection. Ainsi, en 2001, mon indemnité mensuelle de maire a été fixée à 4.667 € bruts et celle de président du Conseil général (Paris étant à la fois ville et département) à 2.456 € bruts, soit un montant total de 7.123 € bruts.
En juillet 2002, dans le cadre de la revalorisation des indemnités des élus locaux décidée par la loi du 27 février 2002 (article 80-III) sur la démocratie de proximité, le Conseil de Paris a appliqué aux élus parisiens (y compris les maires d’arrondissement et les adjoints au maire) ce nouveau barème. Mon indemnité, au titre de mes fonctions de maire et de président de conseil général, a alors été fixée au niveau prévu par la loi, soit 8.142 € bruts.
Depuis lors, au cours des huit dernières années, ma rémunération n’a évolué qu’en application de l’augmentation du point Fonction publique, automatique pour tous les élus. A ce jour, elle s’établit à 8.684 € bruts, soit 6.814 € nets. »
Ah le bon maire qui n’a quasiment pas augmenté sa rémunération depuis 2002 …
L'entourloupe consiste à faire comme si le montant de 7.123 euros, fixé en 2001, est apparu en une sorte de génération spontanée et qu'il ne résultait pas déjà d'une augmentation. Car Delanoë, élu en mars 2001, a bénéficié d'une rallonge par rapport à son prédécesseur dès le mois d'avril. Entre son élection et octobre 2002, il n’y a eu exactement trois augmentations successives (délibérations SGCP 3 d’avril 2001 et SGCP 5 et SGCP 2G de juillet 2002 pour ceux qui veulent vérifier) qui ont conduit à une inflation globale de sa rémunération, hors frais de représentation, de 14,3%. En un an, ce n'est pas mal ! Et elle a été accompagnée d'une hausse de 39% de sa prime départementale : la secrétaire générale de la ville est battue ! Si l’on pousse la cruauté jusqu’à comparer avec ce que touchait Tibéri, on se rend compte que l’augmentation entre 2002 et 1995 a atteint 21%.
2 - L’incroyable mensonge dénote, au choix, un cynisme invraisemblable ou une candeur touchante.
Verbatim : « Par ailleurs, une indemnité pour frais de représentation a été décidée par le Conseil de Paris, lors de la même séance de juillet 2002 et attribuée au maire de Paris mais également aux vingt maires d’arrondissements. Dans mon cas, elle a été alors fixée à 2 416 € par mois. Non seulement, elle n’a, là non plus, jamais été revalorisée, mais elle a même été réduite de 20% (et pas de 15% comme La Tribune l’écrit par erreur) en 2009, dans le cadre des économies adoptées par notre collectivité. Elle s’établit dorénavant à 1933 € par mois.
Ces frais de représentation ne sauraient s’assimiler à un complément de rémunération dans la mesure où leur utilisation est strictement encadrée et soumise au contrôle des juridictions financières. ».
Ben voyons : percevoir 2.400 euros par mois pour acheter ses costumes, payer ses restaurants et offrir des fleurs (ce sont les exemples d’utilisation de cette modeste dotation que Delanoë donne lui-même), faire un effort colossal en ne s’octroyant plus que 2.000 euros par mois ( ça fait moins de fleurs à envoyer ou moins de costards à se faire tailler ) … ce n’est pas un complément de rémunération ! Et pourquoi ? Parce que c’est contrôlé par les juridictions !!! Il faudra l’expliquer à tous les salariés qui sont fiscalisés et paient des charges sur leurs Tickets-restaurant ou qui vont chez Leclerc pour acheter leurs vêtements.
3 - Quand au mensonge pitoyable, il réside dans un ultime détail ( mais le diable aime à s'y cacher …) et, tant qu’à mentir, pourquoi faire dans la dentelle ? Le professeur Delanoë tance ces coquins de journalistes de La Tribune qui ont écrit que ses frais de bouche (pardon, de représentation) avaient diminué de 15 % et non de 20 % comme il le clame à tous vents. C’est vrai que ça fait héroïque : lui, il baisse de 20 % alors que les maires d’arrondissement ne baissent leurs frais de bouche (pardon de représentation) que de 15 % …
Hélas, hélas, on n’est jamais trahi que par les siens : le vrai chiffre, celui communiqué par les services de la mairie de Paris à La tribune fait bien apparaître que la baisse n’est que de 15% ! Citation de la réponse des journalistes à la mise en cause de la qualité de leur travail disponible sur le site de la tribune.fr : "Avant d'avancer cette information, "la Tribune" a bien entendu interrogé la Mairie de Paris sur le montant des frais de représentation perçus par le maire de Paris. Or voici la réponse que nous a faite son service de presse, le vendredi 12 novembre par courrier électronique : « Son indemnité pour frais de représentation était en 2008 de 2.400 €, réduite à 2.054 € par mois depuis 2009 ». Soit une baisse de 15%...
Mais dans le communiqué envoyé le 15 novembre, la Mairie de Paris explique que cette même indemnité "s'établit dorénavant à 1.933 euros". A croire qu'entre vendredi et lundi, le maire de Paris est parvenu à réaliser les 5 % de baisse qu'il lui restait à accomplir pour tenir sa promesse faite en 2009. A moins bien sûr qu'il ne s'agisse que d'une erreur d'information imputable, non à la Tribune, mais aux services du Maire..."
Bon, allez, une petite dernière pour la route : l’article de la Tribune rappelle que Delanoë touche, à 60 ans, également 2.700 euros de retraites de député et de sénateur. Plutôt rentable pour quelqu’un qui a été député cinq ans (de 1981 à 1986) et sénateur cinq ans et demi.
Le Delanopolis y ajoutera un petit décompte des efforts qui lui valent aujourd'hui cette retraite méritée.
En cinq ans d’assemblée Delanoë n’a rapporté que deux avis, sur le budget du ministère de l’intérieur ( 1981 et 1984 ) et il n’est intervenu que six fois en séance publique (source : tables nominatives des travaux de la VIIème législature). A peine plus d'une fois par an : dérisoire ! En cinq ans de Sénat, c'est à peine mieux : il n’a déposé que quatre propositions de loi, présenté quatre rapports, posé cinquante questions écrites et n’est intervenu que 23 fois en séance publique, ce qui le place en fond de classement.
A propos, quelle est sa position sur la réforme des retraites des parlementaires ?