Winter in Wartime - In times of war, heroes are everywhere

Par Ashtraygirl

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Après une incursion dans la Chine des années 30 et un détour au Kurdistan en compagnie des reporters de guerre, j'aborde le conflit sans doute le plus représenté à ce jour au cinéma: celle de 1939-1945. Et c'est avec Winter in Wartime, de Martin Koolhoven, qui propose une variation sur le thème de la collaboration et de la résistance durant la seconde guerre mondiale que je l'aborde, un peu lasse, déjà, de ces films de guerre.

Un film sur la guerre, donc. Un de plus. J'ai tendance à penser, sans vouloir les vexer que, quand on en a vu un ou deux, on les a plus ou moins tous vu. Le reste, tout n'est question que "d'interprétation" et de "variations" autour du sujet. Martin Koolhoven en propose une dont l'action est ancrée aux Pays-Bas, en plein hiver, sous l'occupation allemande. Le pitch est assez simple: un avion s'écrase, une nuit, dans les bois tous proches; un soldat anglais survit au crash, un soldat allemand y perd la vie. Dés lors, dans le plus grand secret, une micro résistance s'organise autour de Jack, l'aviateur accidenté, menée incidemment par Michiel, le fils du maire, âgé de 14 ans. En prenant de tel risque pour l'inconnu, c'est toute sa vie que s'apprête à bouleverser Michiel.

De facture très classique, sans effets de style audacieux ni aspiration artistique ostentatoire, Koolhoven livre un film sobre, efficace, qui joue beaucoup sur la distanciation entre la caméra et ses personnages, comme s'il figurait silencieusement la distanciation réelle épprouvée par son jeune héros. Avare de dialogues, parfois rustre, comme il sied à ce genre de films, Winter in Wartime mise d'avantage sur l'éloquence des plans et, surtout, sur l'expression de ses personnages, dont on saisit aisément sans explications futiles les émotions profondes, leurs tiraillements moraux, leurs conflits intérieurs, la défiance, l'animosité, etc... De ce point de vue, l'interprétation, prépondérante ici, est excellente. Le film, dés lors, s'avère assez délicat, quoique parfois trop démonstratif, ironiquement, en regard de certaines scènes plus absconses dans leur signification profonde. La musique, harmonieuse, comble le manque de mots, les non-dits, les secrets, mais n'oublie jamais de s'effacer devant le silence neigeux qui sied à ces temps de froids extrêmes et de complots tapis dans l'ombre.

Visuellement, l'hiver est partout - jusque dans les coeurs de ces hommes et femmes se débattant dans le conflit - le blanc remplissant l'écran, tranché ça et là par le vert des sapins ou la grisaille du ciel, des murs. Une luminosité particulière, propre à ces jours de neige, est distillée tout le long du film, jusque dans ses plans nocturnes, dans lesquels le son prend le relais de la lumière, étouffé comme des pas dans la neige.

En somme, un film de bonne facture, très  (trop) classique, qui ménage tant quelques plages d'ennuis cotonneux que de beaux moments de tension. Sur le principe, ça sent le déjà vu. Mais sur le fond...

La vraie curiosité de Winter in Wartime, à mes yeux, se révèle dans sa seconde partie, celle où l'on prend réellement conscience que l'engagement obstiné de ce gamin pour le soldat anglais frôle l'incohérence totale. Une incohérence largement expliquée par la guerre, ici. Mais quand même, il est difficile de comprendre, sans l'avoir vécu (cette histoire est tirée de faits réels) le poids d'un tel choix, celui de privilégier le sort d'un homme qui, indirectement ou non, va démolir l'enfance de Michiel point par point, mettant à mal sa relation avec son père, avec sa soeur, faisant voler en éclats la confiance qu'il place en son oncle, sonnant le glas de son amitié de toujours avec César, son cheval, mettant entre parenthèses sa relation avec son meilleur ami... L'arrivée de ce soldat anglais bouleverse tout dans la vie de ce gosse, plus tout à fait enfant, bientôt adulte, symbolisant la perte de son innocence quand, à la fin, tout se dénoue.

 

En résumé, un film de guerre efficace mais redondant, dont la véritable richesse se savoure dans sa résolution, quand, restrospectivement, on se prend à louer tout autant que mécomprendre l'engagement de cet enfant, et sa renonciation à tant de choses. Finalement, Winter in Wartime parle moins de guerre que de courage. Celui de grandir, et d'assumer ses choix, jusqu'au bout.


*Indice de satisfaction:  (+)

*1h39 - néerlandais - by Martin Koolhoven - 2009

*Cast: Martin Lakemeier, Yorick van Wageningen, Jamie Campbell Bower...

*Les + : Une belle leçon de courage, en même temps qu'un rite initiatique édifiant.

*Les - : Un film de guerre ultra-classique, avec une "intrigue" usée jusqu'à la corde.

*Liens: Fiche Film Cinétrafic

  

*Crédits photo: © Bac Films