La rentrée politique démarre sur les chapeaux de roues au Parti Socialiste : les conférences succèdent aux débats d'idées, qui empiètent sur les déclarations de politique générale. Depuis le mois de septembre, les réunions publiques se sont multipliées (Les universités d'été de la Rochelle fin août, ou encore La fête de la Fraternité le 18 Septembre 2010), et les éléphants lancent l'offensive contre la droite en vue des prochaines élections présidentielles. Si le renouveau du parti est possible d'ici deux ans, il est indispensable d'en mesurer l'étendue et d'y émettre un certain nombre de conditions, sans lesquelles le premier parti d'opposition ne pourra reconquérir le pouvoir suprême. Analyse. Une montée en puissance électorale :
Bien que les résultats des derniers scrutins soient à relativiser de par leur taux de participation plutôt faible, force est de constater que le Parti Socialiste, depuis les élections municipales de 2008, ne cesse de reprendre du terrain à l'UMP. Et pour cause, les élections législatives de 2007, largement remportées par la droite tant au nombre de sièges à l'Assemblée Nationale qu'au pourcentage de suffrages exprimés glané par l'UMP (dans la dynamique toute proche de l'élection de Nicolas Sarkozy), paraissent bien lointaines au vu de la situation actuelle. Tout d'abord, on assistait à un relatif rééquilibrage des résultats dès les élections municipales de 2008, qui voyait l'UMP en tête de quelques 3 points de pourcentage devant le Parti Socialiste, mais avec une vague rose en la faveur du premier parti de gauche quant au nombre de grandes municipalités « dérobées » à la droite. Certes, on aurait pu penser que, un an plus tard, après le naufrage du Parti Socialiste lors des élections européennes (qui crédite le parti d'à peine plus de 16% des voix, quasiment à égalité avec les verts), la compensation de 2008 n'était que feu de paille. Mais il faut noter que dans le même temps, les résultats à l'UMP perdaient également de l'ampleur, non seulement du fait de la grande cristallisation d'un bloc unique de petits mouvements liés à la majorité-nébuleuse (Le Nouveau Centre, l'UMP, Les progressistes, la Gauche Moderne, …), mais encore en considération de la grande désunion des adversaires de gauche qui, mis bout à bout, constituaient une force d'opposition de plus en plus importante. Ces mauvais résultats socialistes ne constituaient probablement qu'une erreur de parcours ; ainsi, la tendance soulignée dans ce paragraphe s'est-elle confirmée aux dernières élections régionales de 2010, qui ont vu le Parti Socialiste en tête en pourcentage de voix en sa faveur comme en régions acquises : 29,14% des suffrages exprimés et 21 Régions estampillées Parti Socialiste, et montrant une grande capacité à fédérer les divers mouvements d'opposition, avec cependant quelques divergences convenons-en (Georges Frêche notamment, largement réélu en Languedoc-Roussillon), et ce face à une UMP qui n'a pu que sauver les meubles en comparaison des élections régionales de 2004 (en perdant la Corse mais en gagnant la Guyane et la Réunion et en conservant l'Alsace : 3 régions au lieu de 2 par conséquent), et ce malgré de nouveaux ralliements (CPNT et MPF). D'un point de vue électoral donc, le Parti Socialiste se porte bien actuellement, et la tendance pourrait encore se confirmer en vue des très prochaines élections sénatoriales de 2011, et dont les dernières de 2008 avaient déjà démontré une diminution de la majorité au Sénat (qui n'est pas absolue mais seulement relative en faveur de l'UMP) par une baisse de 8 sièges pour l'UMP, mais surtout un bon en avant de 21 sièges à porter au crédit du Parti Socialiste. Ainsi le sénat pourrait, pour la première fois de l'histoire passer à gauche. Un renouveau sur la scène politique ? Fort de sa position électorale de première force d'opposition et d'alternative en France, le Parti Socialiste tente un renouveau sur la scène politique. En effet, depuis quelque temps, les dirigeants socialistes, prenant conscience de cette nouvelle chance, se replacent peu à peu dans le pur débat d'idée : on casse donc progressivement avec le « Tout Sauf Sarkozy » qui a tant fait défaut à la gauche pendant la fin de la campagne présidentielle de 2007, et qui s'est poursuivi durant la première moitié du mandat jusqu'à récemment. Dès lors, tous les éléphants, tour à tour, commencent à élaborer une technique différente : Julien Dray a d'ailleurs estimé que l'anti-sarkozysme ne faisait pas un programme, et les deux ténors actuelles du Parti (Ségolène Royal et Martine Aubry) enchaînent les meeting, les soutiens aux manifestations (notamment sur l'actuelle réforme des retraites), les interventions, proposant une alternative (certes encore bien vague) à la France de Nicolas Sarkozy, critiquant allègrement il est vrai les réformes passées ou présentes, les atteintes à « leur idéal républicain » et pléthore d'autres idées, en faisant néanmoins une grande force d'alternative, d'opposition. Mieux encore, et même si François Hollande n'apparaît pas comme étant le candidat favori du Parti Socialiste pour les élections présidentielles de 2012, celui-ci dispose d'ores et déjà d'un programme politique établi, dont il a déjà notamment fait part à l'émission Vivement Dimanche vers fin janvier 2010, mais également fin octobre de cette même année sur I-Tele et France Inter. Son programme, il le souhaite axé sur la jeunesse et la fiscalité en premier lieu. Tous azimuts, les socialistes sont donc lancés dans la bataille des présidentielles, mais n'est-ce pas trop tôt ? Les vieux démons ressurgissent : Néanmoins, cette attitude, à la limite du pressé, dénote de bon nombre de failles dans le plan de lutte électorale qui semble se dessiner au Parti Socialiste. -Tout d'abord, l'anti-sarkozysme, pour tout mal qu'il puisse attiser au parti (baisse de crédibilité, absence de proposition concrète), est à tout le moins un bon moteur d'unité du Parti Socialiste : en effet, tant que les dirigeants du premier parti de gauche s'occupent à dénoncer la politique du gouvernement actuel, les divisions internes, qui sont quasiment aussi nombreuses que les éléphants du parti, s'estompent. L'unité se construit en quelque sorte sur la base d'une opposition à un ennemi commun. Cependant, dès lors que le Parti Socialiste s'évertue à la recherche d'idées nouvelle, les divisions réapparaissent, et pire qu'une crédibilité défaillante, il s'agit d'un véritable casse-tête pour l'élaboration d'un programme politique commun et satisfaisant toutes les tendances de l'électorat du Parti Socialiste, mais également tous les hommes politiques qu'il faudrait éventuellement écarter de la course présidentielle, comme Christiane Taubira ou Jean-Pierre Chevènement comme ce fut le cas en 2007. -Ensuite, force est de constater que le Parti Socialiste n'est pas seul à gauche. Ainsi, si les partis d'extrême gauche tels que Lutte Ouvrière (Nathalie Arthaud) ou le Nouveau Parti Anticapitaliste (Olivier Besancenot) ne semblent pas à même d'accroître substantiellement leur électorat respectif, deux autres partis de gauche pourraient bien gêner le Parti Socialiste dans son ascension pour l'Elysée, quel que soit, par ailleurs, le candidat choisi : le Parti de Gauche (Jean-Luc Mélenchon) et les Verts (Eva Joly, Cécile Duflot). Tandis que le premier prend une importance considérable dans les médias, les seconds se sont fait une place au soleil lors des deux dernières joutes électorales : 16,28% des suffrages exprimés en Juin 2009, et 12,18% en Mars 2010. Ainsi donc, ces deux partis peuvent faire déjouer les ambitions du Parti Socialiste à reprendre le pouvoir en France en 2012, et pour exemple, la défaite de 2002, et la non-accession au 2nd tour cette année avait été due à des dispersions semblables de l'électorat de gauche. Pour conclure, le chemin est encore long pour le Parti Socialiste, le parcours semé d'embuches, et non plus certain qu'il ne l'était en 2007. Rien n'est encore défini : ni candidat, ni alliance, ni programme politique, mais l'on peut déceler un début d'affrontement électoral, par l'organisation notamment de primaires pour 2011 d'après Martine Aubry. Néanmoins, le parti socialiste saura-t-il faire susciter en France une envie d'alternance politique ? Tout reste à faire. Sources :-La Chaîne Parlementaire, 23 Septembre 2010.-C dans l'air, France 5, 27 Septembre 2010. -La Chaîne Parlementaire, 23 Septembre 2010. -http://www.lefigaro.fr/politique/2010/09/25/01002-20100925ARTFIG00463-aubry-promet-des-primaires-socialistes-exemplaires.php-http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Francois-Hollande-evoque-son-programme-de-candidat-aux-primaires-socialistes-230589/ -http://www.lepost.fr/video/2010/01/25/1904996_presi-2012-le-programme-de-francois-hollande-devoile-chez-drucker.html -http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/PS-bernadette-chirac-correze-229000/-wikipedia.orgRémi Decombe.