Une envie d’écrire me tenaillait. Je cherchais en vain une inspiration. Les mots ne vinrent pas. Mais à leur place une image apparut, celle d’une robe aux étoffes métissées. Je trouvai là une image pour illustrer un texte sur la tabaski. Bien sûr, un grand boubou traditionnel conviendrait mieux en ce jour. Mais au cas où nous voudrions convier une certaine jeunesse réticente aux ports des habits traditionnels, nous pourrions pour une fois nous accorder cette concession : remplacer le boubou par cette robe aux étoffes métissées.
Toujours à la recherche de mots, je captais une scène attendrissante et singulière de moineaux en train de picorer dans une gare les miettes de croissants tombées des mains des voyageurs. Enthousiaste, je voulus partager ce bonheur avec l’ami qui était avec moi. Sa non réceptivité visible handicapa mon élan.
Pourquoi certains restent-ils insensibles au bonheur simple ?
Mon pourquoi resta suspendu au ciel.
Est-ce ce contraste qui déclencha des mots ? Pas les miens, mais ceux de cet ami qui tout concentré écrivait sur du beau papier ocre.
Plus tard quand à ma demande, il me lit certaines des phrases qu’il avait consignées sur le somptueux papier, je compris alors l’absence d’émotion que dégageait son regard.
Je relevais dans le florilège de ses phrases, celles-ci : « Le corps devenu une masse informe ; s’affaisse dans un chao de sang sans nom. (…)
L’esprit et le corps se recouvrent d’un manteau de solitude mortifère… ».
Si voir cet ami écrire contribua à combler mon envie d’écrire,
la découverte de son écriture chaotique m’ôta toute envie d’écrire.
A présent, aux vœux coutumiers : Njuulé mo wuuri, jam é aduna*…
J’ajouterai ceci :
-que ce jam soit étendu e tagooje fof guila jawdi haa e leddé.
-dans ce aduna, une pensée particulière pour leïdi de Guinée.
G.P.
*voeux
***Photos : Emma terrou bi (seneweb)