Ouf, j'ai cru à un moment que je n'y arriverai plus! Depuis une bonne semaine, j'étais sans inspiration, ni envie. Les aliments ne me parlaient plus. Je me contentais d'un travail mécanique, sans âme... Beaucoup se seraient certainement régalés de ce que j'ai pu cuisiner. Mais je n'étais pas vraiment content de moi. Je me demandais si j'allais pourvoir continuer à alimenter le blog... Et puis là, sans prévenir, l'inspiration est revenue, plus belle que jamais! Le plat est aussi beau qu'il est bon. Les patates au four sont magiques. On se régale. Vraiment. Laissez-moi vous conter cette recette...
Comme la plupart de mes créations, celle-ci est un mélange de contraintes et d'heureuses circonstances. Les contraintes, ce sont les ingrédients. Les filets de poulet sont la seule viande qui reste encore dans le congélateur, à part un cuissot de biche de 3 kg (!). En légumes, il y a un peu plus de choix: panais, poireaux, pommes de terre, patates douces. A ce moment précis, je n'ai pas vraiment envie d'éplucher, de découper, de poêler. Par contre, j'ai un four qui est à 220° parce que je vais y cuire des ciabattine (ça, c'est l'heureuse circonstance!). Ni une, ni deux: je prends deux patates douces et je les mets dans le four! Et basta! C'est réglé pour les légumes!
Reste à décider du sort des filets de poulet: j'ai dans mon frigo quelques tranches de bacon et du gorgonzola. Ca me plait bien, ça! Mais j'aimerais un ingrédient qui donne du croquant. Sur le plan de travail, il y a un sachet de noisettes (pas rangé!) qui me fait de l'oeil. Vous, mes petites, vous allez y passer, leur dis-je. Et je prends une dizaine de noisettes que je mets dans un ramequin et zou... au four pour 8mn!
Pendant ce temps, j'ouvre mes filets (dégelés) en portefeuille. Je les aplatis bien en les tapotant avec le plat du couteau. Je les recouvre de tranches de bacon (5 pour deux filets), puis tartine le tout de gorgonzola. Le four sonne! Je récupère les noisettes les frotte pour les peler, puis les hache très grossièrement au couteau. J'en nappe mes filets que je roule, puis que j'emballe dans du film alimentaire (spécial micro-onde). Et je les fais cuire 10mn à la vapeur. Dix minutes plus tard, je les sors du cuit-vapeur, les déballe et ça donne ça:
L'on pourrait les servir tels quels. Mais il y manque tout de même la saveur dûe à la réaction de Maillard qui rend la viande si goûteuse! Je poêle donc mes roulés au beurre et à l'huile de noisette pendant une dizaine de minutes, histoire qu'ils soient bien dorés.
Il ne me reste plus qu'à sortir du four mes patates (30mn en tout) que l'on sent moelleuses à l'intérieur. Je les coupe en deux comme une baguette pour un sandwich. Puis je verse dessus un filet d'huile de noisette et quelques grains de fleur de sel. Je coupe mes roulés en 4 pour une jolie présentation, et c'est prêt!
Avec ce plat, un vin qui avait servi d'apéro quelques jours plus tôt: Vous en voulez en voilà 2004 du Clos du Gravillas. Il y aurait de quoi parler des heures de ce domaine. Je préfère vous renvoyer à CECI. C'est donc un muscat qui vient du Minervois, mais qui n'a pas le droit à l'appellation "Muscat Saint-Jean de Minervois" car il n'est pas muté (il n'y a pas eu d'alcool de rajouté pour arrêter la fermentation et garder beaucoup de sucre). C'est donc un vin moelleux qui a gardé juste quelques dizaines de gramme de sucre, et qui est tout en finesse. Au nez, ça rappelle l'écorce d'orange séchée lentement sur un radiateur, avec une pointe de fleur d'oranger du Mexique. En bouche, c'est rond, ample et totalement aérien. On n'a pas l'impression de boire du vin, à peine un liquide. Plutôt l'esprit d'un lieu. Lors de la précédente dégustation de ce vin, j'avais évoqué la plume d'ange. Je ne peux mieux dire...