Le début du film m’a d’ailleurs conforté dans mes doutes de pré-projection. Tout est brut dans le film de Ham Kyoung-Rock, et je me suis vu partir dans une spirale de noirceur à laquelle je ne me voyais pas m’accrocher. Je n’ai rien contre la noirceur, au contraire, mais celle-ci montrant des sévices sur des handicapés, je n’en avais pas envie. Pourtant à ma grande surprise, plus le film avançait, plus je m’y accrochais. L’austérité se fissure peu à peu pour laisser transparaître des émotions. Surtout, l’actrice principale, au cœur du film qu’elle porte de bout en bout, aimante la caméra et avec elle l’attention du spectateur. Le sujet, grave, profond est d’une banalité terriblement fascinante. De la peur des premiers instants nait finalement un film dur et beau.
Mais tout beau qu’il soit, Elbowroom confirme une nette tendance de la sélection 2010 du FFCF à un cinéma sombre, mélancolique et social qui aura laissé peu de place à la légèreté et à l’humour. Bien sûr Crazy Lee et les KOFA FFCF Classiques auront pu remplir ce rôle, mais il semblait tout de même manquer de rupture de ton dans les films sélectionnés pour la compétition, contrairement à une édition 2009 où les films n’étaient peut-être pas d’une qualité supérieure mais offraient tout de même une plus grande diversité de genre, à l’image de Rough Cut, Viva ! Love ou Norwegian Woods, lorsque cette année, sortis des documentaires sociaux et des drames dopés au spleen, il n’y avait pas grand-chose.
La réalisatrice se penche sur leur passé, leur arrivée à la campagne des années plus tôt, leur adaptation, et le rôle que chacune d’elle joue aujourd’hui au sein de leur communauté. L’humour surgit constamment dans la première partie du film, avant de mettre en avant les luttes sociales et l’émotion d’une des femmes devenant brutalement veuve. Peut-être aurais-je moins apprécié Earth’s women si je l’avais vu en début de festival. Mais après tous ces films sombres et amers (tout en étant bons, voire très bons pour certains d’entre eux) qui ont composé les longs-métrages de la sélection 2010 du FFCF, cette petite bouffée d’air campagnarde m’a fait le plus grand bien. C’est bon, je suis prêt pour la clôture !