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Salle 5 - vitrine 3 : les chats - viii. pami sauvé des eaux ...

Publié le 16 novembre 2010 par Rl1948

 

   Bien que Professeur, à l'instar de Robert Langdon, je ne le fus pas de symbologie. N'ayant pas, toujours comme lui, l'opportunité d'enquêter à Paris, ma "Sophie Neveu" à moi fut, comme je l'ai indiqué mardi dernier, une  fidèle lectrice, par ailleurs conceptrice d'un excellent blog qu'avec l'humour qui la caractérise elle a intitulé Louvreboîte.

   Rappelez-vous amis lecteurs, il s'agissait, après avoir reçu de Montoumès une preuve irréfutable, de retrouver, non pas l'assassin du Conservateur Jacques Saunière, mais plus simplement l'emplacement du cercueil d'un certain Pami, Prophète d'Amon de la XXIIème dynastie (soit entre 850 et 825 avant notre ère) que je recherchais depuis une précédente intervention que j'avais faite ici, dans la salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Louvre.

   L'immense gentillesse de ma "collaboratrice", sa disponibilité à me rendre service dès que je la sollicite, sa perspicacité, mais aussi ses relations au sein même du Musée, firent le reste.

   Après quelques jours, le 19 octobre, elle me contacta.

   Parce que, personnellement, je n'avais ni dans mes tablettes ni en mémoire depuis ma dernière visite de quoi concrètement visualiser les affirmations qu'elle avançait, conscient toutefois d'abuser, je lui demandai quelques précisions supplémentaires, ainsi que l'une ou l'autre photo. Et, fébrilement, j'attendis un nouveau courrier, persuadé que j'étais maintenant de l'issue positive de ses investigations et tout en me reprochant de n'avoir pas suffisamment été attentif  à cette salle 15 qu'elle m'affirmait être la "résidence" de notre homme. 

Salle 15 - Entrée

     Deux jours plus tard, au cours de l'après-midi du jeudi 21, célérité extrême, je reçus le mail qui combla mon attente bien au-delà de toute espérance.

     Pami se trouve bien exposé - sans cartel toutefois - dans une vitrine proche de "LA momie", en salle 15 du Département des Antiquités égyptiennes, au rez-de-chaussée de l'aile Sully. C'est, à tout le moins, ce qu'entre autres lui expliqua la personne chargée d'études documentaires qui la reçut avec grande amabilité quand elle alla frapper à la porte de son bureau.

   Et cette vitrine, comme vous le constatez à l'arrière-plan sur le cliché ci-dessus, était bel et bien vide à ma dernière visite, en juin 2009 ! Ma mémoire ne me faisait donc pas défaut : Pami dormait manifestement encore à cette époque-là quelque part au niveau des réserves, en fait, dans les profondeurs des sous-sols.

   Mais pour quelles raisons, aujourd'hui, est-il venu anonymement s'installer ici contre ce panneau latéral blanc de la vitrine à droite de celle de la momie, de l'autre côté du pilastre cannelé ?

Pami - Salle 15

   Soudain, il me souvint d'une affichette apposée sur la porte du fond de la salle que j'avais lue alors un peu trop rapidement : il y était question d'inondation et de préservation de pièces. D'abord, je ne compris pas ce que cela signifiait, ici, précisément. Puis, me renseignant, je fus affranchi.

   Longeant la Seine, le Louvre serait évidemment en première ligne parmi les grands monuments sévèrement atteints en cas de débordement, tel celui de 1910, resté mémorable pour beaucoup et qualifié depuis de centennal par les spécialistes. De sorte que depuis huit ans, des moyens désignés sous  l'acronyme PPRI (Plan de Prévention Risques Inondations) ont été mis en oeuvre pour pallier toute vélleité des eaux de s'engouffrer à nouveau, aux alentours de 2010 donc, au sein même du Musée.

   Dans un rapport publié sur le Net et intitulé Le Musée du Louvre, gestion globale des risques, Jean-Raoul Enfru, Délégué Sécurité-Sûreté et Contrôle de Gestion, explique que si actuellement une crue atteignait le niveau de 1910, date de référence, certains espaces du musée seraient inondés, dont 8000 m² de réserves et 4700 m² de salles d'exposition. Ce serait également le cas pour l'Auditorium, des espaces d'accueil et des équipements techniques, ajoute-t-il. 

   Quant aux oeuvres particulièrement vulnérables, fragiles, entreposées dans les réserves qui, détail à ne pas perdre de vue, se situent sous le niveau du fleuve, nécessité s'impose de leur prévoir un abri en zone non inondable, donc plus élevée.

   J'avais bien remarqué, sans vraiment y prendre garde, qu'ici ou là, de nouvelles vitrines comblaient les espaces vides de différentes salles, voire que certaines avaient été complétées. Mais celle-ci, dans laquelle, apparemment accompagné d'autres si je scrute bien le cliché de ma correspondante, le cercueil de Pami a simplement été déposé, était à l'époque désespérément vide.

   En l'absence de fiche spécifique mentionnant et le numéro d'inventaire et le propriétaire de l'équipement funéraire, comment d'ailleurs aurais-je pu deviner qu'il s'agissait bien du matériel funéraire de ce membre du clergé thébain que nous traquons depuis plusieurs semaines ?

   Simplement en déchiffrant parmi les textes hiéroglyphiques inscrits sur le cercueil en bois les quelques signes qui déclinent son identité.

   Approchons-nous, voulez-vous ?

Pami - Couvercle - Détail poitrine

   Observez bien cette portion du couvercle anthropomorphe, à hauteur de la poitrine : vous retrouvez aisément, sur votre gauche, soit à la fin des deux lignes d'inscriptions horizontales, soit terminant la formule d'offrande disposée en colonnes verticales, trois signes identiquement répétés, se lisant de droite vers la gauche : 

Pami - Salle 15 - Hiéroglyphes PAMI

* pa, le canard pilet en plein vol, ( = signe G 40 dans la liste de Gardiner) ;

* mi, la cruche à lait portée dans un filet, (W 19) ; et, à sa gauche,  i, le roseau fleuri (M 17).

Suit le déterminatif de l'homme assis m'autorisant à penser qu'il s'agit bien d'un anthroponyme qui, donc, se lit Pami.

(Les deux derniers signes horizontaux précisent ici que le défunt fut déclaré Juste de voix, justifié devant le Tribunal d'Osiris lors de la séance de psychostasie - Pesée de l'âme - que vous connaissez bien maintenant puisque, reprise du papyrus de Nesmin, elle chapeaute chacun de mes articles.)

  

   Voilà pour Pami ; il ne nous reste plus maintenant qu'à rechercher Pamy : je veux dire simplement que puisque nous avons retrouvé le cercueil E 3863 de Pami, Prophète d'Amon, il nous faut encore déterminer l'emplacement de la stèle C 275 d'un certain Patcheqeb datant, toujours à la même dynastie, de l'an VI du roi Pamy.

   Il semblerait que nous ayons malheureusement nettement moins de chance avec ce monument-là, non pas que mon astucieuse enquêtrice nous laissât sur notre faim mais, tout simplement, parce qu'en mauvais état de conservation, lui a précisé son interlocutrice au bureau de documentation après avoir consulté son fichier interne, il n'est tant qu'à présent pas exposé et donc repose quelque part sous nos pieds, dans l'un des entrepôts destinés aux réserves des trésors.

   Que retenir de cette enquête en deux épisodes ?

   Tout d'abord que j'eus beaucoup de chance d'être épaulé par un premier lecteur, passionné lui aussi, qui mit la main ici sur le Net sur une photographie du cercueil que je recherchais. Ensuite que grâce à son cliché, au sein même de l'établissement, une lectrice assidue me servit d'intermédiaire pour mener les investigations que j'espérais.

   Tous, Louvreboîte et Montoumes, auxquels je me dois évidemment d'associer la personne chargée d'études au bureau de documentation du Département des Antiquités égyptiennes, veuillez trouver ici, outre l'expression de mes remerciements les plus appuyés, celle de ma satisfaction d'entériner l'esprit de solidarité animant, grâce notamment au support informatique, des gens qui, la plupart du temps, mais pas toujours, ne se connaissent que virtuellement.    

   Enfin, regret tout à fait personnel, je retiens aussi de toute cette aventure que les quelque 50000 pièces égyptiennes entreposées dans les réserves du Louvre ne sont malheureusement pas répertoriées dans la base de données de son site internet et donc, pour des amateurs dont je suis, que nulle trace d'elles, rapidement repérable, ne soit à disposition.

   Pourtant, dans l'Egypte antique, ne suffisait-il pas de lire ou de prononcer le nom de quelqu'un pour lui assurer une vie éternelle ?


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