Le mois dernier, je vous présentais un coup de coeur, Les Étoiles de Noss Head, tome 1 : Vertige écrit par l'auteure française, Sophie Jomain.Sophie a eu la gentillesse de répondre à mes petites questions sur son livre, son métier d'écrivain et sa passion pour la lecture !
Jess : Depuis quand as-tu commencé à écrire ? Noss Head est-il ton premier essai ou as-tu écrit d'autres récits auparavant qui n'ont pas été édités ?
Sophie : Oui, Noss Head est mon tout premier essai d’écriture. Mais ça ne veut pas dire que l’idée d’écrire me soit venue en même temps que l’histoire de Leith et Hannah. J’avais à plusieurs reprises imaginé me lancer dans l’écriture sans jamais avoir osé. Noss Head était déjà si vivant dans ma tête, que gratter ma plume sur le papier (ou plutôt taper mes doigts sur le clavier) était une évidence. J’étais prête pour aller jusqu’au bout. J’ai foncé tête baissée.
Jess : En parlant de Noss Head et de ce monde fantastique et "bit lit".... La vague actuelle semble surfer sur des romans anglo-saxons pour la quasi-majorité. Pourquoi te lancer dans un tel défi alors que les auteurs français semblent ne pas s'intéresser à ce mouvement littéraire en pleine expansion auprès des jeunes adultes ?
Sophie : Ma première motivation a été le désert du bit lit francophone dans les rayons des librairies. Même l’excellente Belinda Bornsmith de son pseudo, n’était pas représentée. En fait, je dois commencer par le début et avouer qu’avant la lecture de Harry Potter, je n’avais jamais lu de romans fantastiques. Les vampires, sorcières, loups-garous et autres créatures surnaturelles n’avaient jamais attiré mon attention. Puis, l’été 2009, j’ai découvert l’œuvre de S. Meyer en film. Intriguée, j’ai acheté le premier tome en anglais et j’ai lu.Ayant apprécié ce type de littérature, j’ai cherché dans les librairies d’autres ouvrages du même genre. Quelle n’a pas été ma surprise de constater que les auteurs francophones étaient inexistants. Quelle frustration j’ai ressenti alors. Nous savons écrire et je trouvais bien injuste que les éditeurs français ne décident que de publier des auteurs anglophones à succès.Puis je suis partie en vacances en Italie et là… j’ai cogité. Et si j’écrivais moi aussi ? Et quoi ? Comment ? Où ? Pourquoi ? C’était devenu une idée fixe. Pourquoi pas du bit-lit français pour jeunes adultes ? Après tout, j’avais bien quelques idées en tête, il n’y avait plus qu’à. Après avoir posé mon synopsis, j’étais déterminée. Je voulais me faire une place et présenter mon urban-fantasy français, moi, la néophyte ou presque en la matière. C’a été un immense challenge pour moi. Autant d’écrire à proprement dit, que de me lancer dans une romance paranormale. Je l’ai relevé. Je me suis découverte. J’ai adoré.
Ah ben, justement, au regard de ma précédente réponse, tu pourrais te dire : ça y est, je sais ! Eh bien… oui et non. Si la lecture de « Twilight » m’a grandement motivée, elle n’a en rien influencé mon imaginaire. Le fil directeur des bit lit jeunes adultes est presque toujours le suivant : une jeune fille quelconque qui rencontre un jeune homme extraordinaire, souvent dans un lieu où elle n’avais pas envie d’aller, où l’histoire se déroule quasiment toujours dans le milieu lycéen. Ainsi, « Twilight » ressemble sur bien des points à « Vampire Diaries », « Envoûtement », « Comment se débarrasser d’un vampire amoureux » à « Rendez-vous avec un vampire » par son humour, etc… Et nous pourrions en dire autant des romans bit lit pour adultes qui suivent tous le même schéma. Pourtant, chaque œuvre littéraire reste unique, c’est ce qu’il ne faut pas perdre à l’esprit.Pour la petite démonstration, oui, Hannah part mécontente pour deux mois en vacances à Wick, une petite ville de 7 000 habitants. Là, elle y rencontre Leith, un garçon aussi beau qu’énigmatique. Mais ensuite, lisons-nous vraiment du « Twilight » remixé ? Assurément, non. L’histoire est bien différente même si elle amenée de manière analogue. L’intrigue ne se déroule pas dans un lycée, il ne s’agit pas de vampires, la légende des loups-garous est totalement distincte et, pardonne-moi de ne pas être langue de bois, je ne prône pas le puritanisme à travers une belle histoire d’amour bien sous tout rapport. Là est toute la différence. Oui, oui, je défends mon bifteck !Peut-être auras-tu envie de me demander ? Si tu voulais que NH ne ressemble pas à tout autre bit lit jeunesse, pourquoi ne pas avoir choisi de faire vivre les personnages directement en Ecosse ? C’est simple. Parce que je suis française, je voulais une héroïne française avec des racines en France. Mais je voulais que ça se déroule en Ecosse. Pour cela, il a fallu que je pose des bases solides et crédibles à mon intrigue. Comment justifier le départ d’Hannah en Ecosse ? Eh bien Hannah est jeune, elle veut fêter ses dix-huit ans avec ses amis à Paris, ses parents ne sont pas d’accord, il ne s’agit que de deux mois de vacances, elle devra les suivre. L’histoire coule ensuite de source : elle rencontre un garçon, elle a envie de rester. Sans compter que l’une des personnes les plus chères à son cœur vit à Wick, (Elaine), donc il ne lui a pas été bien difficile de fixer sa décision finale.Concernant mes sources d’inspirations littéraires… la précédente question y répond… je n’en avais pas eu beaucoup. En revanche, l’Ecosse, le Caithness, les Ecossais, ont fait la moitié du travail ! C’est là-bas que mon imaginaire s’est développé. Quant à Leith et Hannah, ils sont nés d’un farouche désir de décrire des gens comme tout le monde, simples, accessibles, mais qui apportent du rêve et de la réalité. Hannah c’est un peu de moi : une fille simple, entêtée, un brin rêveuse et émotionnellement attachée à sa famille. Et Leith…. On voit ça à la question suivante ?
Jess : Le personnage de Leith est considéré par les fans de la saga comme le fantasme féminin parfait... Quels sont tes inspirations pour Leith ?
Sophie : Mais il EST le fantasme parfait ! (rire) Il ne faut pas que mon mari lise ça !C’est mon jeune frère qui m’a inspiré Leith. Notamment pour son caractère sanguin, dirigiste parfois mais tellement généreux et affectueux. Leith incarne la virilité, c’est certain, ses traits physiques sont détonants, mais j’ai surtout voulu, en dépit de sa personnalité « loup-garesque », qu’il soit sensible, doux, attentif, un brin coquin et ouvert sur les autres. À aucun moment je n’ai souhaité faire de lui un être inaccessible, ni parfait. Nous lui trouverons bien des défauts dans sa relation fusionnelle avec Hannah. Ce désir insupportable de tout contrôler et de penser à sa place, par exemple. Il est un homme avant tout, avec une psychologie parfois alambiquée et un passé douloureux. Ce qui lui donne cette assurance et ce côté si protecteur. Tout le contraire d’Hannah.
Jess : La mythologie garolle développée dans le roman est très originale et créative... D'où te viennent ces idées de 5 types de garous différents ? Lectures précédentes ou plutôt par des recherches sur les garous que ce soit en bibliothèque ou sur Internet ?
Sophie : Pas par de nombreuses lectures, c’est certain ! Après quelques recherches Internet, j’ai constaté qu’il était de notoriété que les loups-garous connaissent cinq phases de transformation. Ils passent de l’état d’homme à l’état d’hommidé, de galbro, de crisno, d’hispo et enfin, de lupus. L’hommidé étant celui qui se rapproche le plus de l’homme et le lupus du loup. J’ai lu quelques indications anatomiques sur ces différentes mutations et je me suis lancée.L’idée de phases de transformation me déplaisait. Il m’a semblé qu’élaborer cinq espèces différentes était bien plus intéressant pour l’histoire. J’ai travaillé la psychologie de chaque espèce, je les ai chacune approfondie, j’ai repris les noms des phases connues, puis j’ai écrit la légende. À l’origine, Tyros le premier loup-garou est un homme mauvais condamné par les dieux à devenir une créature mi-homme, mi-loup, pendant trois siècles. Il finit par s’accoupler à une louve commune, qui donna naissance aux cinq types de garous. Toute cette mythologie garolle sort purement de mon imagination. Comme le diraient certains avertissements de film : toute ressemblance avec quelque histoire serait parfaitement fortuite et… étonnante, même si le fondement des formes garolles que j’utilise est déjà connu.
Jess : Noss Head est une saga prévue en 4 tomes. Si le succès est là (vu que le tome 1 semble bien démarrer), comptes-tu faire plus de tomes ou te tiendras-tu aux 4 tomes de départ ?
Sophie : Le quatrième tome qui n’est pas encore écrit, devrait clôturer la saga. À ce jour (mais qui peut présager de l’avenir ?), je ne vois pas où je pourrais mener Leith et Hannah sans donner l’impression aux lecteurs que j’écris pour écrire. Le synopsis du tome quatre est établi. Ensuite, je pense m’arrêter là.
Jess : Tu es à l'origine d'une campagne promotionnelle via les blogs des lecteurs comme Passion...aimant Jess !... Pourquoi agir par ce biais ? Penses-tu que nos petits avis de lecteurs puissent faire la différence dans le lancement d'un nouvel auteur français ? De même, tu es très présente sur FB, penses-tu que cet outil de communication soit important pour quelqu'un qui veut se lancer dans une activité artistique ou culturelle (pas uniquement la littérature donc) aujourd'hui ?
Sophie : Un écrivain écrit d’abord pour lui-même, ensuite, il partage son œuvre avec les autres. « Partager », voici le mot d’ordre que je me suis fixé. Je ne conçois pas un seul instant laisser « Les étoiles de Noss Head » se faire seul. J’ai envie, mais aussi besoin d’en parler, de le faire connaître, de l’expliquer et aussi… d’apprendre des lecteurs, de leurs souhaits, de leurs inspirations. Utiliser le net à cette fin est absolument incontournable. Ne nions pas l’impact commercial bien sûr, mais ce qui reste le plus gratifiant, c’est le côté humain. Paradoxalement, bien que virtuel, le « Social Network » aide aux relations humaines. Passer par Facebook, Myspace, Twitter, divers blogs ou sites Internet permet de faire de belles rencontrent littéraires, de recueillir des avis, de partager, d’exprimer ses coups de cœur ou ses coup de gueule avec une vaste communauté de gens ; tout ce dont un écrivain accompli ou pas à besoin pour grandir. Passer à côté est une grave erreur selon moi. La promotion d’un livre, d’un album, ne s’arrête pas à ce qu’un éditeur/producteur propose, il est aussi de la charge d’un auteur qui se passionne un minimum pour ce qu’il fait. Je suis passionnée, j’agis !
Parlons un peu de Sophie la lecrice :
Jess : Es-tu une grande lecture ? Combien de livres lis-tu en moyenne par an ?
Dois-je vraiment te répondre ? Je me cache les yeux… je dirais… 200 en moyenne, à raison d’un livre par jour ou tout les deux jours environ. Mais je sais qu’une lectrice telle que toi n’en aura pas forcément le vertige. Je ne conçois pas une journée sans lire, ce qui implique un budget abyssal ! Mais c’est ainsi, j’aime lire alors je lis. Le souci étant que je lis très vite et que je me couche très tard… Tant pis, j’adore ça !
200 livres par an ! My God, je fais encore office de novice, moi qui n'en lis pas 100 sur l'année !
Jess : Quel est ton genre préféré ?
Sophie : Je suis incapable de répondre à ça. J’ai mes périodes. Policier, chick-lit, romans fantastiques ou bit lit depuis peu, science fiction, romans historiques, romances, nouvelles diverses, romans horrifiques, poèmes, littérature classique, romans jeunesse… Tiens, je viens de terminer le très court mais excellent « La vengeance du chat assassin » de Anne Fine. Je te le conseille, on rit beaucoup !
Jess : Continues-tu à lire de nouvelles sagas bit-lit ou préfères-tu te consacrer à d'autres genres pour ne pas te laisser influencer par ce que font les autres ?
Sophie : Oui, j’en lis toujours beaucoup, mais essentiellement pour adultes. On a coutume de dire qu’un bon écrivain est un écrivain qui lit beaucoup et qui s’intéresse à ce que les autres font. Je m’y intéresse, espérons alors que je sois un bon écrivain !
Jess : Quel est le livre que tu emmènerais sur une île déserte, à part Noss Head bien sûr !
Sophie : Sans la moindre hésitation, « Les amours tragiques de Pyrame et Thisbé » de Téophile de Viau. C’est une œuvre poétique qui me fait vibrer au plus profond de moi-même, l’origine de Roméo et Juliette. Je remercie d’ailleurs un ami cher qui m’a récemment rappelé à quel point ce texte était beau.
Parlons un peu de Sophie l'écrivain :
Jess : D'où te vient cette passion pour l'écriture ?
Sophie : Probablement de la lecture et du fait qu’au bout de quelques années, mon cerveau bouillonnait tellement qu’il fallait que je le libère ! J’aime lire, j’aime écrire. J’aime chanter, j’aime jouer. J’aime parler, j’aime écouter. En gros, j’aime m’exprimer !Jess : Exerces-tu un métier à côté ? Est-ce facile de gérer une vie professionnelle, familiales avec le métier d'écrivain et tout le côté promotionnel qu'il implique ?
Sophie : Je suis archéologue de métier mais je n’exerce plus depuis la naissance de ma fille de deux ans et demi. Je sais que bien des écrivains sont sur tous les fronts, je les admire, je ne sais pas si j’aurais l’énergie d’en faire autant. J’ai la chance de pouvoir rester à la maison et de m’occuper de ma fille, j’en suis ravie. L’écriture et la promotion, c’est le soir ou pendant la sieste… bref, quand tout le monde dort !
Jess : À part la suite de Noss Head, as-tu d'autres idées pour de prochains livres ? Que nous réserves-tu ?
Sophie : Ah, ah, ah…. Un chick-lit fantastique pour adultes. Beaucoup d’humour, de dérision, un peu de sang, un soupçon très léger de romance, quelques canines…. Ohhhh, j’en dis trop ! Ce sera d’un style totalement différent de Noss Head. Dans tous les cas, je promets une franche rigolade !
Je remercie chaleureusement Sophie Jomain pour sa gentillesse, son temps, sa disponibilité auprès de nous, ses lecteurs ! Merci d'avoir pris le temps de répondre à mes questions !
Pour rencontrer Sophie, voici les dates de ses dédicaces prévues en France :
LIBRAIRIE CHAPITRECentre Commercial des Alliés - 25200 MONTBELIARD01 81 32 12 61
Samedi 27 novembre de 10h à 12h30 et de 14h30 à 18h.
LIBRAIRIE DEVELAY1012 rue Nationale - 69400 VILLEFRANCE SUR SAONE04 74 68 75 90
Samedi 4 décembre de 14h30 à 18h.
ESPACE CULTURE LECLERC8 avenue du 8 Mai 1945 - 77130 VARENNES SUR SEINE01 60 57 58 14
Samedi 11 décembre, de 11h à 15h.
FNACCentre cial 4 fbg France - 90800 BELFORT0 825 020 020
Samedi 15 janvier 2011, de 1430 à 18h.
FNAC25 rue Lenepveu - 49000 ANGERS0 825 020 020
Samedi 29 janvier, de 15h30 à 18h.