Outre le fait de conduire les socialistes à s’interroger sur la pertinence du calendrier de leurs primaires, le choix de ce week-end pour procéder au remaniement ne relève pas du hasard. En focalisant dimanche les regards sur les acteurs de la série Fillon à Matignon (saison 3), le Chef de l’État a privé les écologistes de la couverture médiatique normale dont ils auraient dû bénéficier pour une fusion historique Verts- Europe écologie. Mieux encore, la petite phrase de Nicolas Hulot, invité d’honneur, selon laquelle il n’excluait rien pour 2012 n’a pas dépassé le stade des brèves.
Nicolas Hulot , c’est un peu l’ami qui vous veut du bien. Le sympathique animateur TV a pourtant perdu de sa bonne humeur. Son coup de force de 2007, par lequel il avait réussi à imposer aux candidats son pacte écologique a fait long feu.
Passé l’embellie du Grenelle, les écologistes sont surtout orphelins de décrets d’application, de taxe carbone et d’une volonté réelle de changer l’orientation de l’économie. Ce n’est pas le nouveau ministère de l’écologie affaiblit et amputé de l’énergie qui va changer ce sentiment.
Puisqu’il ne peut pas faire confiance à la classe politique, Nicolas Hulot n’exclurait donc pas d’être candidat aux présidentielles de 2012. Certains diront qu’il est trop tard, que le train de l’histoire ne passe jamais deux fois. La chaleur de l’accueil réservé par la famille écologiste à Lyon atteste pourtant que le président de la fondation Ushuaia jouit encore d’un capital de sympathie conséquent qui ne demande qu’à croître.
Une popularité assurément renforcée par une personnalité qui tranche avec les requins de la politique. Vrai modeste Nicolas Hulot n’est pas adepte du “pousse-toi de là que je m’y mette”. Si l’animateur de TF1 a des convictions, il est aussi régulièrement traversé par des doutes : “Je ne suis pas certain qu’Europe Ecologie ait besoin de moi. Elle a un candidat qui se légitime chaque jour un peu plus “, lâchera-t-il en désignant implicitement l’ancienne juge franco-norvégienne Eva Joly.
Le réalisateur du film Le Syndrome du Titanic, semble être sorti de sa période sombre et appelle désormais au devoir de lucidité. “Je ne sais pas si je suis catastrophiste. Mais je ne suis pas un optimiste qui est un imbécile heureux, ni un pessimiste qui est un imbécile triste”, lance-t-il en appelant au “devoir de lucidité“. Et de conclure : “Il faut que nous soyons tous ensemble des réalistes”.
Si Nicolas Hulot confirmait son intérêt pour les présidentielles, il pourrait en troisième homme, être le ciment de la nouvelle entité écologiste en évitant un choix douloureux entre la candidate naturelle des verts Cécile Duflot et, Eva Joly, l’égérie d’Europe écologie. Fin stratège, Jean-Vincent Placé, numéro 2 des Verts, le place ainsi parmi les « trois bons candidats » pour la présidentielle.
Signe qu’un frémissement se dessine, Yves Cochet candidat déclaré au primaire confiait la semaine dernière au Figaro que Nicolas Hulot était un “bon candidat” et qu’il était prêt à se ranger derrière si ce dernier se décidait vite.
En faisant acte de présence aux assises de Lyon, l’animateur vedette a franchi son propre Rubicon. Sortant du ni droite ni gauche, il a pour la première fois témoigné de sa sympathie pour une formation politique. L’ascension de son ami et fidèle lieutenant Jean-Paul Besset dans l’organigramme de la nouvelle structure, n’y est sans doute pas étrangère.
Le danger pour l’Élysée comme pour le PS d’ailleurs, serait comme dans toute présidentielle, sinon la rencontre d’un homme et du peuple, au moins celle d’un candidat et de l’opinion publique. “Il y a un espoir ici. Il faut dire haut et fort que l’écologie conditionne tous les enjeux de solidarité. Il faut un parti pour faire de la pédagogie sur des sujets aussi complexes” a lancé à l’adresse de la salle Nicolas Hulot.
Or, s’il est des thématiques porteuses, ce sont bien celles de la solidarité et de l’espoir. “L’avenir, vous n’avez plus qu’à l’inventer“, “vous pouvez le faire et être un extraordinaire antidote au fatalisme“, a conclu l’homme de TV dans une tonalité qui n’est pas sans rappeler le Yes we can de Barack Obama.
En politique, on appelle ça rendre l’avenir désirable. Une pierre philosophale, une recette miracle qui ouvre toutes les portes du pouvoir à un candidat. De quoi rendre envieux ou venimeux un PS et une UMP en panne d’inspiration et de souffle.
Crédit photo : Wikipédia
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