Les chemins de la gloire (Karkwa)
Article de Nicolas Lachance, Québéctaime.com, le 15 novembre 2010
Au départ, cinq passionnés de musique. Le premier passage sut rester gracieusement collé à la piste. À mi-chemin, l’envol vers un destin sans pareil. Pour la suite du voyage, seuls ceux qui resteront à l’écoute pourront être comblés d’un rock percutant et sensible.
Avec Les chemins de verre, l’automne est synonyme de bonheur pour les « fans » de la formation KARKWA. Le groupe montréalais vient tout juste de faire décoller sa nouvelle tournée et, par chance, elle fera escale dans la région de Québec le 18 novembre prochain. Pour le moment, c’est de Jonquière que Louis-Jean Cormier a gentiment pris le temps de converser sur la nouvelle aventure du groupe : « Québec c’est la ville la plus trippante pour jouer. C’est là que notre public est le plus intense et que les « shows» sont les plus mémorables », nous lance le nouveau papa, chanteur et guitariste de la formation.
Pour certain, Karkwa est l’un, sinon le meilleur groupe de musique actuelle à l’intérieur de la grande francophonie. Un titre qui semble exagéré, mais tellement mérité! En fait, Karkwa vogue beaucoup au Québec et à l’extérieur du Québec, allant du Canada français (anglais aussi), en France, en Belgique et même jusqu’au Liban. Mais il n’est plus question de refaire des spectacles à n’en plus finir : « On étale moins notre horaire, on peut maintenant être plus près de nos familles, avoir une vraie vie et des fins de semaines pour racler le terrain (rire) ». Pour eux, le succès amène, enfin, une gérance plus facile de l’ordre du jour.
Fort de 12 ans d’existence, les gars de Karkwa ont concocté leur quatrième album, il y a quelques mois, dans le mythique studio La Frette en banlieue de Paris. Certe plus éclaté, ce disque est pourtant plus accessible que ses ancêtres en raison de ses textes plus courts et ses hymnes plus populaires. Travailler sur Les Douze Hommes Rapaillés a permis à Louis-Jean Cormier d’enrichir sa plume de l’encre magique du poète : « Je pense que c’est pareil pour tous les gars des douze hommes. Parfois, quand j’écris, je me demande comment Miron aurait dit quelque chose ou comment il penserait et ça m’aide ».
C’est du côté de l’autre versant, celui de la musique, que la subtilité de Karkwa fait scintiller la lumière dans l’œil du mélomane. Croqués sur le vif, certains arrangements musicaux sont truffés d’ingéniosité. Couchée sur un nid de percussions, signées Stéphane Bergeron à la batterie et Julien Sagot aux instruments « louches », la musique des Chemins de verre est, aussi, martelée par une douceur frissonnante inventée au piano, des élans de François Lafontaine. Le disque explore d’ailleurs un monde renversant de sonorités et de textures variées conduites par les pertinents arrangements de cordes (Cormier) et de basse (Martin Lamontagne) perçant, parfois, le mur du son.
De leurs rythmes lourds brossés d’une délicatesse progressive, les notes s’unissent pour user d’un charme envoûtant. « Pour nous, c’est important d’innover, mais ne jamais faire du bizarre juste pour le fun d’être bizarre. C’est l’erreur à ne pas faire. Ça fait partie de notre création de jouer sur les flashs qui nous animent ».
Forcé d’admettre que cet amalgame de trames est l’un des bijoux de l’année 2010. À titre d’exemple, le groupe a remporté le prix Polaris qui récompense l’auteur du meilleur disque canadien de la dernière année. Avec cette récompense, le groupe peut maintenant espérer s’imposer au-delà de la francophonie : « On a des offres de « bookers» Américains et Canadiens. Mais on n’est pas près d’aller faire un an de tournée aux États. Reste que c’est plaisant d’avoir de telles demandes ».
Il ne faut pas penser que cette réussite est née de l’apparition momentanée. Non, le Saint-Esprit et l’ange Gabriel n’y sont pour rien. En vérité, le parcours du groupe est très étoffé et impressionnant. Tout commence avec Le Pensionnat des établis qui renoue avec la candeur du texte et une mixture musicale avec laquelle il s’était illustré à Cégep en spectacle. « On était inconscient, on savait que l’on voulait vivre de notre musique, mais on ne savait pas jusqu’où ce projet irait », plaide le chanteur.
Ensuite, l’expérience marquante de l’album Les Tremblements s’immobilisent, agençant des mots éloquents à un rock brut et poignant avec lequel ils ont été récipiendaires du Félix auteur, compositeur de l’année. Il ne faut pas oublier le puissant et planant Volume du vent qui est, sans contredit, l’incontournable des albums de Karkwa. « Avec ces albums-là, on a fait beaucoup de route et de spectacles, on avait un rythme d’enfer, mais c’est ce qu’il fallait pour survivre et faire connaître nos compositions ». Cette aventure a, de plus, permis à Karkwa de faire la rencontre de gens extraordinaires comme Pat Watson, Élizabeth Powell et autres. « C’est tellement plaisant de partager la scène et faire des collaborations avec des gens qu’on aime et que nos « fans» puissent les découvrir » nous explique Cormier au bout du fil.
En prime, la formation a compris, avec leurs spectacles, comment devenir irrésistible. La scène, pour Karkwa, semble être un espace de création en constante mutation. « Les pièces du nouveau spectacle sont présentées sous une facture plus simple et plus rock. On a eu un fun incroyable à retravailler nos chansons avec des arrangements précis de guitare et de piano. On est un « band» ROCK! Et en « show», ça grafigne un peu plus », rajoute le guitariste.
Bref, il faut s’attendre à une soirée survoltée pour le retour, sur les planches, de Karkwa à Québec. Pour ceux qui n’ont jamais saisi cette occasion, plongez, allez vivre cet instant et comme eux, laissez-vous tomber en chute libre. Essayez pour voir! Je vous jure que vous ne le regretterez pas, car si l’on se fit aux dernières tournées, vous en aurez… « La piqûre ».
Visionnez le dernier vidéoclip du groupe : Le Pyromane
Karkwa, jeudi 18 novembre 2010 à 20 h
Grand Théâtre de Québec269, boulevard René-Lévesque Est
Québec (Québec)
G1R 2B3