Pitch.
Une étudiante slovène, fille d'un vieux rocker dépressif, se prostitue pour payer les traites d'un appartement. Mais les souteneurs de la ville ne l'entendent pas de cette oreille...
Lors de la présidence de l'UE par la Slovénie en 2008, clin d"oeil du réalisateur à une effervescence souvent inutile dans la capitale, Ljubliana, une étudiante de 23 ans se prostitue régulièrement sous le nom de "Slovenian girl" pour payer les traites d'un appartement qu'elle s'est offert dans un quartier agréable. Les parents d'Aleksandra sont divorcés, sa mère qu'elle déteste a quitté le foyer conjugal pour se remarier, son père, ancien rocker dépressif, survit en faisant de la musique avec des copains. Son père en province, Aleksandra habite à Ljubliana où elle suit des cours d'anglais à l'université. Des cours qu'elle rate souvent à cause de son activité annexe : la prostitution dans des hôtels modernes de la ville où défilent les hommes politiques de différents pays.
photo Epicentre films
Le rêve de promotion sociale de la jeune fille, c'est ce petit appartement flambant neuf dans un immeuble moderne pour lequel elle a fait un emprunt énorme à la banque. Alors qu'elle est solitaire, peu bavarde, Aleksandra, débordant de fierté, confie à sa meilleure amie qu'elle a acheté cet appartement. Dans un premier temps, l'étudiante se prostitue avec détachement, contrôlant tout, froide, calculatrice, vénale, rejetant un homme qui a divorcé pour elle qu'elle ne reverra que pour lui demander un service. Les ennuis commencent avec un client qui meurt d'une overdose de Viagra. Puis un jour, la jeune fille est coincée par deux types ignobles, deux souteneurs qui comptent bien prélever leur part du gâteau. A partir de cet instant, le film, avec une étonnante économie de moyens, instille une ambiance parano où le spectateur tremble en même temps qu'Aleksandra, oppressé par la menace que les deux proxénètes la retrouvent, redoutant les questions simples de l'entourage. Car, après une scène d'intimidation très dure, où les types la tiennent par les pieds dans le vide depuis un appartement du 11° étage, Aleksandra a réussi à s'échapper. A la banque, en revanche, il ne va pas être possible d'échapper, travaillant moins par crainte d'être suivie, la jeune femme ne peut plus rembourser ses traites.
C'est un film dur, sec, sobre, à l'image de l'actrice qui interprète Aleksandra, une brune glacée au teint pâle qui ne sourit jamais, plutôt jolie mais peu coquette, proposant son corps jeune aux clients sans faire d'efforts particuliers, pas de maquillage, par exemple, par de lingerie ou vêtements sexy, le minimum syndical dans les signes extérieurs de séduction pour des passes à 200 Euros où, là, elle accepte tout pour gagner le plus d'argent possible. Il n'y a ni psychologie ni d'empathie dans ce film, parfois un peu d'émotion larvée dans les relations entre le père et sa fille, le réalisateur a pris le parti d'être factuel, le sujet est si fort qu'il fallait éviter tout pathos.
Le réalisateur a dit qu'il n'avait pas voulu faire un film sur la prostitution mais sur la transition de son pays au capitalisme, sur la déshumanisation qu'elle a entraîné. La Slovénie premier pays, issu de l'ex-Yougoslavie à avoir rejoint l'UE en 2004, petit pays de 2 millions d'habitants, produit environ 4/5 films par an. Si on voulait trouver une parenté dans le style de ce film, ce serait du côté du cinéma roumain avec cette approche sèche, factuelle, clinique. Un film froid, blanc, exsangue, très fort.
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Mots-clés : avant-Premières, cinéactuel, cinéma Slovène, Slovenian girl, Damjan Kozole